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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/786

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REVUE DES DEUX MONDES.

composée du vicomte-président et de six assesseurs choisis par le comte sur une liste assez nombreuse, tient quatre sessions par an.

L’impôt foncier voté par les nobles n’est point acquitté par eux. Ils se réunissent par comitats en congrégation pour déterminer le quantum dû par chaque propriété. Les paysans, sur qui pèse tout le fardeau, nomment eux-mêmes leurs collecteurs, et le seigneur surveille la perception de la somme fixée. La congrégation tout entière juge les nombreuses difficultés qui arrêtent le jeu de ce système assez simple en apparence.

Chaque comté est morcelé en un certain nombre de fiefs capricieusement régis par de petits despotes. Les paysans n’ont pas le droit de propriété, mais ils ont le fait depuis 1834 ; la plupart cependant cultivent des terres qui leur sont concédées par le seigneur à charge de cinquante-deux jours de corvée par an et du paiement de la dîme. Ils sont jugés en premier ressort par leur magnat ; la cause, au moyen d’une filière assez compliquée, peut arriver jusqu’à la table royale de Pesth, tribunal suprême, dont tous les membres sont nommés par le souverain. Les débats de peu d’importance, et les querelles que les grosses paroles et les coups n’ont pu terminer, se vident chez le bailli, magistrat choisi par les paysans eux-mêmes dans une liste de candidats présentés par le seigneur. Le servage à la glèbe n’existe plus depuis Marie-Thérèse : le vassal a le droit d’abandonner son propriétaire en le prévenant trois mois à l’avance ; le noble, de son côté, peut chasser le paysan, mais en lui fournissant une indemnité pour les impenses utiles qu’il a faites sur la terre. Ce double principe est d’une rare application.

Le noble seul parvient aux emplois ; il ne peut être arrêté pour dettes, il chasse dans ses domaines, il est le père de ses tenanciers ou leur tyran, si bon lui semble ; mais, s’il a quelque chose à démêler avec la justice criminelle, avec les gens du roi, il est saisi de force et jeté dans les cachots infects d’une prison souterraine. La peine de mort, même dans les cas les plus graves, lui est ordinairement épargnée ; mais on peut le voir, les boulets aux pieds et les fers aux mains, se promener tristement dans la cour du comitat de Pesth, où, tous les samedis, le bourreau vient, armé du fouet, lui infliger une humiliante correction. Il est des droits enfin dont la jouissance, inconnue au temps d’André II, est refusée aux nobles hongrois par la police de M. de Metternich. Le magnat, dans ses terres, à la diète, à la congrégation, peut tenir les discours les plus violens, déclarer la patrie en danger, regretter l’époque de l’indépendance et en prévoir