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LA HONGRIE.

ancêtres, et il devint plus difficile de les en arracher pour leur faire courir les chances d’une expédition lointaine. En 1526, Ferdinand Ier décida qu’à l’avenir les diètes se tiendraient dans l’intérieur des villes, et les choses depuis lors n’ont pas changé.

L’assemblée se partage en deux tables.

La première se compose : 1o  des prélats catholiques, et, depuis 1792, des évêques du rit grec non uni ; 2o  des magnats ou grands propriétaires laïques. Ces magnats ont le droit d’entrée à l’âge de vingt-quatre ans : les mineurs et les femmes doivent se faire représenter ; mais, par une bizarrerie incompréhensible, leurs mandataires siègent à la seconde table dont tous les membres sont élus. Les comitats se réunissent en congrégations pour choisir chacun deux députés. Tous les moyens de séduction employés par les candidats au parlement d’Angleterre souillent aussi les élections hongroises. John Bull termine ses différends à coups de poing, le Madgyar se sert de son sabre. Tous les nobles, seigneurs ou varlets, riches ou pauvres, sont électeurs, et la propriété la plus minime suffit pour conférer le droit d’éligibilité.

Pendant toute la durée de la diète, les députés reçoivent, sur la caisse domestique du comitat, la somme de deux ducats au moins par jour. Les couvens, les chapitres ecclésiastiques et le bas clergé élisent aussi leurs délégués. Les villes royales, enfin, sont représentées à la diète. Dans chaque cité il existe une chambre de la commune, dont les membres décédés sont remplacés à la majorité des suffrages. Ce conseil des notables, assisté des seuls magistrats municipaux, envoie à la diète un ou deux députés, suivant l’importance de la ville.

La première table est présidée par le palatin, la seconde par le président de la table royale ; elles se réunissent souvent en concertations, pour délibérer des intérêts généraux de l’état. Les propositions royales sont examinées dans les cercles avant d’être discutées en séance publique ; le concours des deux tables, qui ne forment qu’une seule voix, est nécessaire pour leur donner force légale.

Lorsque la diète n’était qu’une revue solennelle, on n’avait pas senti la nécessité d’en fixer le retour périodique. L’ennemi paraissait-il aux frontières, la nation courait aux armes, et la diète se confondait, pour ainsi dire, avec l’insurrection. L’appel du souverain prévenait toujours le désir du peuple. Mais quand au tumulte d’un camp succéda l’ordre d’une assemblée choisie, quand la froide délibération des députés eut remplacé l’enthousiasme des leudes, les rois éprouvèrent de la répugnance à voir autour d’eux des surveillans