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THE LADY OF LYONS.

professons un respect assez tiède pour les ouvrages qui ne s’expliquent pas d’eux-mêmes et ne se laissent pénétrer qu’à l’aide d’un commentaire ; et nous ne lisons qu’avec répugnance les dissertations où les poètes essaient de prouver au public qu’il ne les comprend pas, à la critique qui les désapprouve qu’elle s’est rendue coupable d’injustice. Malheureusement la préface de la Dame de Lyon n’est qu’une apologie très maladroite. Il paraît que la presse anglaise n’a pas témoigné pour la Duchesse de La Vallière une admiration suffisante, et qu’elle a même poussé la hardiesse jusqu’à se demander si M. Bulwer faisait bien d’abandonner le roman pour le drame. Sans s’abuser sur les défauts de Pelham et d’Eugène Aram, nos voisins se plaisent comme nous à proclamer l’intérêt qui recommande ces deux récits, et, après avoir jugé librement Rienzi et les Derniers jours de Pompeï, séparés de Pelham et d’Eugène Aram par un assez grand intervalle, ils se permettent d’appeler imprudentes les nouvelles tentatives de M. Bulwer. Pour répondre à ces censeurs envieux, à ces juges myopes, l’auteur de la Duchesse de La Vallière vient d’écrire la Dame de Lyon. On lui conteste le génie dramatique, et, pour fermer la bouche à ses détracteurs, pour imposer silence à ces doutes injurieux, il se hâte de construire un ouvrage destiné, comme la Duchesse de La Vallière, à la régénération du drame anglais. Il est vrai que l’auteur met cette espérance sur le compte de M. Macready ; mais nous ne pouvons prendre au sérieux cette affirmation. Si M. Bulwer ne partageait pas l’espérance de M. Macready, s’il ne se croyait pas appelé à régénérer la scène anglaise, à ressusciter Shakespeare, il aurait résisté à toutes les prières, à toutes les instances, et, prenant pour vraie l’opinion de la presse anglaise, il ne se fût pas exposé une seconde fois à l’indifférence du parterre. Personne ne voudra croire que M. Bulwer se soit résigné à écrire la Dame de Lyon par pure générosité. Quelle que soit son admiration, son amitié pour M. Macready, il n’aurait pas compromis sa réputation de romancier, dans une seconde tentative dramatique, s’il ne prétendait à l’héritage de Shakespeare. C’est pourquoi nous trouvons qu’il a mauvaise grâce à dire qu’il n’attache aucune importance à la Dame de Lyon. Que cette pièce réussisse ou échoue, qu’elle soit applaudie ou sifflée, la sérénité de l’auteur n’en sera pas troublée ; car il est bien décidé à ne plus rien écrire pour la scène. Il a touché le but qu’il se proposait ; il a prouvé à ses détracteurs son aptitude dramatique ; sa tâche est accomplie. Toutefois il ne dissimule pas la cause réelle de sa résolution. Malgré l’évidence de la démonstration entamée par la Duchesse de