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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/191

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LES SEPT CORDES DE LA LYRE.

le peintre.

Et la devise dont on m’avait parlé ?

méphistophélès.

La voici incrustée en argent sur l’ébène de la table.

le maestro.

Ce sont des caractères imperceptibles.

le critique.

Ah bon ! je les lirai d’emblée, j’ai la vue d’un lynx. Écoutez, écoutez !

À qui vierge me gardera
La richesse.
À qui bien parler me fera
La sagesse.
À quiconque me violera
La folie ;
Et s’il me brise, il le paiera
De sa vie.

le poète.

Baste ! ce n’est pas fort !

le peintre.

Hé ! hé ! il y a de la couleur locale dans ces vers-là. Mais, franchement, que vous semble des figures sculptées ?

le poète.

Admirables ! sublimes !

le maestro.

Et les ornemens ! quel goût exquis ! quelle délicatesse dans ces guirlandes de fleurs ! quels feuillages élégans ! quelles arabesques coquettes et déliées ! C’est un bijou.

le peintre.

Eh bien ! je suis fâché de ne pas partager votre enthousiasme. Tout cela est mesquin, maniéré, de mauvais goût ; c’est du rococo tout pur ! Nous faisons mieux que cela aujourd’hui.

le critique.

J’en doute. Aujourd’hui l’on ne fait rien qui vaille, et ceci est un chef-d’œuvre.

le peintre.

En admirant ceci, vous vous sentez à l’aise. On n’est pas jaloux des morts.