Que lui dirai-je ?
Dites-lui de se taire, afin que j’entende la musique de là-haut…
Quelle musique ?
Je ne puis vous le dire. Mais vous pouvez dire au ruisseau de s’arrêter. Cette cascade chante trop haut.
Je commanderais en vain à l’onde de suspendre son cours : Dieu seul peut commander aux élémens.
Ne savez-vous pas un seul mot de la langue de Dieu ?
Étrange fille ! Son délire est plein d’une poésie inconnue.
La lyre est suspendue aux branches de ce saule. Voulez-vous, Hélène, que je vous la présente ?
Hâte-toi : le ruisseau se moque du philosophe ; il élève la voix de plus en plus.
Elle ne s’aperçoit pas de l’absence des deux cordes.
Écoute, ruisseau, et soumets-toi !
Quel est ce nouveau prodige ? Voyez-vous ? la cascade reste immobile et suspendue au rocher comme une frange de cristal.
Coule, beau ruisseau, mais chante à demi-voix.
Le ruisseau reprend son cours, mais avec précaution, comme s’il craignait d’éveiller les fleurs endormies sur ses rives.