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RECUEILLEMENS

POÉTIQUES,

PAR M. DE LARMARTINE.[1]

C’est un singulier spectacle, et qu’il deviendra tout à l’heure un lieu commun de relever, que celui des variations qu’offre ce temps-ci d’heure en heure dans les doctrines, dans les talens, dans les hommes. À mesure que chacun des grands esprits qu’on a vu débuter avec éclat s’avance dans la vie, il rompt ses unités, multiplie ses bigarrures et ses aventures : cela, chez quelques-uns, peut s’appeler progrès ; car toute chose a deux noms. Peut-être ce temps-ci n’est-il pas plus privilégié qu’un autre en variations, mais nous y sommes plus sensibles parce que nous les saisissons de plus près et plus en détail dans nos contemporains ; on se figure toujours en commençant qu’on va être tout différent de ce qui a précédé, c’est le plus beau motif d’aller en avant et l’inspiration de la jeunesse. À un certain point la poussée manque, le ressort casse ou se retourne contre nous : d’autres déjà nous suivent, qui, à leur manière, recommenceront.

L’histoire de M. de La Mennais est plus ou moins celle de chacun, de nos jours : ce qu’il résume avec fracas et non sans grandeur dans ses vicissitudes étonnantes, est assez bien le type auquel se rapportent nombre de destinées. Ce qui a choqué en lui, on se le permet

  1. vol. in-8o, Gosselin, rue Saint-Germain-des-Prés, 9.