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LITTÉRAIRE.

§. I. — ROMANS ET POÉSIES.

Les genres se sont bien multipliés dans le roman, et Marmontel revenant au monde en pourrait faire une poétique à part qui s’étendrait d’Héliodore à M. Hugo, de la Princesse de Clèves à Ivanhoë. Je sais que quelques indisciplinables comme Sterne, Hoffmann ou Tieck dérouteraient volontiers les classifications, et, à le bien prendre, ne pourraient être soumis qu’au caprice, cette loi moderne qu’on ne trouve ni dans Horace, ni dans Vida, et qui sans doute eût fort scandalisé Quintilien. Du temps de Mme de La Fayette, Huet pouvait, au-devant de Zayde, traiter en quelques pages de l’histoire des romans. Moins de deux cents années nous séparent de l’évêque d’Avranches, et cependant, pour compléter son livre, il faudrait la patience d’un Paulmy ou d’un Niceron. L’histoire militaire a cet avantage sur l’histoire des littératures, qu’elle n’a pas à raconter presque toujours des défaites, à s’intéresser incessamment à des vaincus, et qu’elle peut au moins prendre le parti de ceux qui triomphent. Et, en effet, pour nous en tenir aux romans, combien peu ont survécu, combien peu surnagent sur cet abîme du passé ? Toutes les nuances pourtant avaient presque été essayées. L’ascension de Cyrano de Bergerac dans la lune remonte plus haut que les tentatives de nos fantastiques, et l’évêque de Belley, Camus, écrivait des nouvelles chrétiennes bien avant nos catholiques édifians ; enfin, de l’Astrée au Sopha, de Mlle de Scudéry à Laclos, il y a eu bien des tentatives diverses dont la plupart sont oubliées, dont quelques-unes plus heureuses se rattachent aux noms glorieux et chers de Mme de La Fayette, de Prévost et de Lesage.

On écrira sans doute un jour l’histoire de la littérature de notre temps, et