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LETTRES POLITIQUES.

Russie ; car il se peut que celle-ci ait entendu et veuille entendre, par l’article additionnel, que les Dardanelles seront fermées en tous temps et dans tous les cas. Quoi qu’il en soit, je tiens pour deux ans à peu près, et d’ici à un an, je fermerai mes oreilles incrédules à tous les bruits de guerre, quand même j’entendrais gronder, dans toutes les gazettes, le canon d’Ibrahim-Pacha.

Vous ne vous êtes pas attendu, sans doute, à me voir conclure quelque chose de ce petit speech intime sur les affaires d’Orient. Si vous voulez bien le permettre, je prendrai, comme l’Angleterre, la France et la Russie, deux ans pour y réfléchir ; mais, en attendant, je ne puis m’empêcher de sourire de la confiance de vos députés. Ne m’annonce-t-on pas que l’un d’eux, qui est, dit-on, l’organe d’un noble duc et pair très versé dans les affaires étrangères, a annoncé qu’il ne voterait pour le crédit de dix millions que si le cabinet s’engageait à proposer à l’Angleterre un traité d’assurance mutuelle contre les tentatives de la Russie sur Constantinople, et une sorte de convention qui serait le pendant et l’antidote de celle d’Unkiar-Skelessi ! Ceci serait fort bien, si l’on n’ajoutait que l’on compte surtout, en pareil cas, sur l’accession de l’Autriche. Mais là est le danger, car, si l’Autriche refuse d’accéder, elle se trouvera en quelque sorte jetée du côté opposé, et l’on fera cesser ainsi son apparence d’opposition aux vues de la Russie. Pourquoi, me direz-vous, douter de l’alliance de l’Autriche ? Parce qu’en 1829, elle a proposé elle-même à la France le partage de la Turquie, en nous offrant Candie et Chypre. Je vous dis cela en secret.


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