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GABRIEL.

GABRIELLE.

La trahison de cette femme est au plus offrant, car elle a été raconter cela à mon grand-père, sans aucun doute.

MARC.

Je le crains.

GABRIELLE.

Qu’importe ? Astolphe a fait sans doute cette démarche pour éprouver la fidélité de mes gens.

MARC.

Quelle que soit l’intention du seigneur Astolphe, je crois qu’il serait temps que votre seigneurie obéît aux intentions de son grand-père, d’autant plus qu’au moment où je quittais le château, l’abbé s’est approché de moi furtivement et m’a glissé ceci à l’oreille : « Dis à Gabriel, de la part d’un véritable ami, qu’il ne fasse pas d’imprudence ; qu’il vienne trouver son grand-père, et lui obéisse ou feigne de lui obéir aveuglément ; ou que, s’il ne se rend point à son ordre, il se cache si bien, qu’il soit à l’abri d’une embûche. Il doit savoir que le cas est grave, que l’honneur de la famille serait compromis par la moindre démarche hasardée, et que dans un cas semblable le prince est capable de tout. » — Voilà, mot pour mot, ce que m’a dit votre précepteur, et il vous est sincèrement dévoué, monseigneur.

GABRIELLE.

Je le crois. Je ne négligerai pas cet avertissement. — Maintenant, va te reposer, mon bon Marc ; tu en as bien besoin.

MARC.

Il est vrai ! Peut-être que, quand je me serai reposé, je retrouverai dans ma mémoire encore quelque chose, quelque parole qui ne me revient pas dans ce moment-ci. (Il se retire. Gabrielle le rappelle.)

GABRIELLE.

Écoute, Marc : si mon mari t’interroge, aie bien soin de ne pas lui parler de la nourrice…

MARC.

Oh ! je n’ai garde, monseigneur !

GABRIELLE.

Perds donc l’habitude de m’appeler ainsi ! Quand nous sommes ici, et que je porte ces vêtemens de femme, tout ce qui rappelle mon autre sexe irrite Astolphe au dernier point.

MARC.

Eh ! mon Dieu ! je ne le sais que trop ! Mais comment faire ? Aus-