Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
GABRIEL.

ASTOLPHE.

À la bonne heure ; il me manquait d’avoir cassé quelque cruche ou battu quelque chien aujourd’hui.

(Il s’élance au milieu d’eux en poussant sa table au-devant de lui avec rapidité. Il renverse la table des spadassins, leurs bouteilles et leurs flambeaux. Le combat s’engage.)
MEZZANI, tenant Astolphe à la gorge.

Eh ! vous autres, lourdauds, tombez donc sur l’enfant.

PREMIER SPADASSIN, courant sur Gabriel.

Il tremble.

(Marc se jette au-devant ; il est renversé. Gabriel tue le spadassin d’un coup de pistolet à bout portant. Un autre s’élance vers lui. Marc se relève. Ils se battent. Gabriel est pâle et silencieux, mais il se bat avec sang-froid.)
ASTOLPHE, qui s’est dégagé des mains de Mezzani, se rapproche de Gabriel en continuant à se battre.

Bien, mon jeune lion ! courage, mon beau jeune homme !…

(Il traverse Mezzani de son épée.)
MEZZANI, tombant.

À moi ! camarades ; je suis mort…

L’HÔTE, crie en dehors.

Au secours ! au meurtre ! on s’égorge dans ma maison !

(Le combat continue.)
DEUXIÈME SPADASSIN.

Mezzani mort… Sanche mourant… trois contre trois… Bonsoir !

(Il s’enfuit ; les deux autres veulent en faire autant. Astolphe se met en travers de la porte.)

ASTOLPHE.

Non pas, non pas. Mort aux mauvaises bêtes ! À toi, don Gibet, à toi, coupe-bourse !…

(Il en accule deux dans un coin, blesse l’un, qui demande grace. Marc poursuit l’autre, qui cherche à fuir. Gabriel désarme le troisième, et lui met le poignard sur la gorge.)
LE SPADASSIN, à Gabriel.

Grace ! mon jeune maître, grace ! Vois, la fenêtre est ouverte, je puis me sauver… ne me perds pas ! C’était mon premier crime, ce sera le dernier… Ne me fais pas douter de la miséricorde de Dieu !… Laisse-moi !… pitié !

GABRIEL.

Misérable ! que Dieu t’entende et te punisse doublement si tu blasphèmes !… Va !

LE SPADASSIN, montant sur la fenêtre.

Je m’appelle Giglio… Je te dois la vie !…

(Il s’élance et disparaît. La garde entre et s’empare des deux autres, qui essayaient de fuir.)

ASTOLPHE.

Bon ! à votre affaire, messieurs les sbires ! Vous arrivez selon l’ha-