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GABRIEL.

GABRIEL.

C’est ton épée. Tu as la manie d’être armé jusque dans la chambre.

MARC.

Je ne serai pas en repos tant que vous n’aurez pas fait la paix avec votre grand-père… Tenez ! encore !

(On entend gratter à la porte, avec un petit gémissement.)
GABRIEL, allant vers la porte.

C’est quelque animal… Ceci n’est pas un bruit humain.

(Il veut ouvrir la porte.)
MARC, l’arrêtant.

Au nom du ciel ! laissez-moi ouvrir le premier, et tirez votre épée…

(Gabriel ouvre la porte malgré les efforts de Marc pour l’en empêcher, Mosca entre et se jette dans les jambes de Gabriel avec des cris de joie.)

GABRIEL.

Beau sujet d’alarme ! Un chien gros comme le poing ! Eh quoi ! c’est mon pauvre Mosca ! Comment a-t-il pu me venir trouver de si loin ! Pauvre créature aimante ! (Il prend Mosca sur ses genoux et le caresse.)

MARC.

Ceci m’alarme en effet… Mosca n’a pu venir tout seul, il faut que quelqu’un l’ait amené… Le prince Jules est ici ! — On frappe en bas !…

(Il prend des pistolets sur une table.)
GABRIEL.

Quoi que ce soit, Marc, je te défends d’exposer ta vie en faisant résistance. Vois-tu, je ne tiens plus du tout à la mienne… Quoi qu’il arrive, je ne me défendrai pas. J’ai bien assez lutté, et, pour arriver où j’en suis, ce n’était pas la peine. (Il regarde à la croisée.) Un homme seul ?… Va lui parler au travers du guichet. Sache ce qu’il veut ; mais, si c’est Astolphe, je te défends d’ouvrir. (Marc sort.) Qui donc t’a conduit vers moi, mon pauvre Mosca ! Un ennemi m’aurait-il fait ce cadeau généreux du seul être qui me soit resté fidèle malgré l’absence ?

MARC, revenant.

C’est monsieur l’abbé Chiavari, qui demande à vous parler. Mais ne vous fiez point à lui, monseigneur, il peut être envoyé par votre grand-père.

GABRIEL, sortant.

Plutôt être cent fois victime de la perfidie que de faire injure à l’amitié. Je vais à sa rencontre.

MARC.

Voyons si personne ne vient derrière lui dans la rue. (Il arme ses pistolets et se penche à la croisée.) Non, personne.