Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/423

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
Séparateur



31 juillet 1839.


Les derniers travaux de la chambre ont achevé de faire connaître l’esprit qui l’a animée dans cette session. La chambre semble vouloir remettre jusqu’à la session prochaine à se connaître elle-même et à se faire connaître. Elle a tout ajourné à la fois, les projets d’améliorations matérielles que le ministère lui demandait, et les réformes dont elle menace le ministère, la loi des sucres et le changement de l’institution de la philosophique, les grandes lignes de chemins de fer et la réforme électorale. L’ajournement de la loi sur les sucres a été vivement blâmé, et avec raison, même par ceux qui ont cru devoir prendre en main la cause de la chambre. La chambre est inexcusable en effet. A-t-elle craint de s’engager dans la discussion de deux grands intérêts entre lesquels elle n’avait pas de parti pris, ou a-t-elle voulu seulement avancer de quelques jours la fin de la session et le moment du départ, en se refusant à cette discussion ? Qui pourrait trouver un mot à dire en faveur de la chambre dans l’un et l’autre cas ? Où serait donc la force, où serait l’influence d’une législature qui craindrait de se compromettre en décidant avec justice une question aussi importante, sans s’arrêter aux mécontentemens que ferait naître sa décision ? Si la chambre était pour le bien faible dégrèvement que demandent les ports et les colonies, qui l’empêchait de se prononcer ? A-t-elle fléchi devant les démonstrations qui ont été faites par quelques manufacturiers du nord ? S’est-elle laissé troubler par les murmures qui se sont élevés dans son sein ? Mais qui donc aura, en France, le courage de braver les injustes mécontentemens que peut faire naître une mesure nécessaire, si la législature ne l’a pas ? Comment la chambre, qui s’est emparée de toutes les affaires, qui s’est jetée avec empressement sur le projet relatif à la philosophique, dont la Charte semble lui interdire la discussion, comment la chambre recule-t-elle devant une responsabilité qui lui appartient ? Cette responsabilité, il faudra donc que le ministère la prenne, et c’est à la fois son devoir et son droit. Nos colonies ne doivent pas périr de misère, nos ports devenir déserts, parce que les députés veulent conserver leur popularité au nord et au midi, ou plutôt