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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/779

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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

la Garonne et de l’usage du port pour l’armée anglaise. À son arrivée, le maréchal Beresford devra communiquer aux autorités les différentes proclamations faites pour maintenir le gouvernement civil dans les lieux occupés par l’armée anglaise, et demander au maire et aux autorités s’ils veulent continuer de remplir leurs devoirs dans les circonstances nouvelles. S’ils n’y étaient pas disposés, ils devaient s’éloigner du territoire occupé par l’armée, et les principaux habitans devaient être assemblés pour désigner les personnes qu’ils désiraient voir investies de l’autorité. Quant au parti qui existait à Bordeaux en faveur de la maison de Bourbon, s’il demandait au maréchal Beresford son consentement pour faire proclamer Louis XVIII et arborer le drapeau blanc, il devait déclarer que la nation anglaise et ses alliés souhaitaient du bien à Louis XVIII (wish well to Louis XVIII), et que, tant que la paix publique serait maintenue par la présence des troupes anglaises, le maréchal qui les commandait n’interviendrait pas pour empêcher ce que le parti jugerait convenable à ses intérêts. L’objet principal des alliés, dans cette guerre, était, comme l’avait dit lord Wellington dans ses proclamations, la paix, et il était bien connu que les alliés étaient engagés en ce moment à négocier un traité de paix avec Napoléon. Le maréchal devait déclarer en outre que, quoique disposé à souffrir tout ce qu’on ferait contre Bonaparte avec lequel les alliés étaient en guerre, il ne donnerait, comme le général en chef, pas la moindre protection à ceux qui auraient agi ainsi, aussitôt que la paix serait conclue ; il devait donc prier les habitans de réfléchir à ce sujet avant de lever l’étendard de la révolte contre le gouvernement de Bonaparte. Toutefois, si, nonobstant ces représentations, la ville jugeait à propos d’arborer le drapeau blanc, de proclamer Louis XVIII ou d’adopter quelque mesure de ce genre, lord Beresford ne devait pas s’y opposer, et devait s’arranger seulement, sans délai, avec les autorités, pour la conservation des armes, munitions, etc. Si la municipalité exigeait des ordres pour proclamer Louis XVIII, lord Beresford devait les refuser.

Ce sont là les instructions secrètes qu’emporta le maréchal Beresford. Quelques jours après, le maréchal Beresford occupait Bordeaux, et le maire Lynch publiait sa proclamation, où l’on remarquait ce passage : « Ce n’est pas pour assujettir nos contrées à une domination étrangère que les Anglais, les Espagnols et les Portugais y apparaissent. Ils se sont réunis dans le midi, comme d’autres peuples au nord, pour détruire le fléau des nations, et le remplacer par un monarque, père du peuple. Ce n’est même que par lui que nous pou-