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LA COMÉDIE AU DIXIÈME SIÈCLE.

logie morale et naturelle, qui se termine par une curieuse leçon de musique, d’après les principes de Martianus Capella et de Boëce[1]. Plus loin, Hrosvita nous montre Paphnuce recommandant Thaïs pénitente à la supérieure d’un couvent de femmes. Cette entrevue, qui ne retrace en rien les usages du IIIe siècle, nous offre, en retour, un exemple curieux des formules de pieuse courtoisie, avec lesquelles s’abordaient et conversaient un évêque et une abbesse dans le siècle et dans la patrie des Othons. Nous prions donc instamment ceux qui ne craindront pas de braver la lecture de ce monument du théâtre monastique, de ne pas oublier sa date. Pour être juste envers de pareilles œuvres, il faut apporter dans leur examen cette même impartialité d’antiquaire que nous apportons devant les peintures de Cimabue ou devant les bas-reliefs d’une cathédrale.

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Paphnuce et Thaïs.
COMÉDIE.

ARGUMENT.
— Conversion de la courtisane Thaïs. Le saint ermite Paphnuce, à l’exemple d’Abraham, va trouver Thaïs sous les dehors d’un amant ; il la convertit et lui impose pour pénitence de rester pendant cinq ans renfermée dans une étroite cellule. Thaïs par cette juste expiation est réconciliée au Seigneur. Quinze jours après avoir accompli sa pénitence, elle s’endort dans le sein du Christ. —

INTERLOCUTEURS.
PAPHNUCE, ermite. — Les Disciples de Paphnuce. — THAÏS. — Jeunes Gens, amoureux de Thaïs. — ANTOINE et PAUL, ermites. — Une Abbesse.


Scène I.


PAPHNUCE, LES DISCIPLES DE PAPHNUCE.

Les disciples. — Pourquoi ce sombre visage, Paphnuce, notre père ? Pourquoi ne nous montrez-vous pas un front serein, comme de coutume ?

  1. On lit dans l’Encyclopédie Musicale, dirigée par le docteur Schilling (Stuttg., 1834-38, 5 vol. in-8o), un article fort court sur Hrosvita, où il n’est fait aucune men-