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REVUE DES DEUX MONDES.

Qu’il vous suffise que jusqu’à ce jour j’aie péché pour vous complaire. Il est temps de mettre un terme à mes désordres. Le moment de nous séparer est venu.

Les amans. — Où allez-vous ?

Thaïs. — Dans un lieu où nul d’entre vous ne me verra.


Scène V.


LES AMANS DE THAÏS.

Les amans. — Grand Dieu ! quel est ce prodige ? Thaïs, nos délices, elle qui ne songeait qu’à se plonger dans le luxe, elle qui n’eut jamais d’autre pensée que le plaisir, et qui s’était livrée tout entière à la volupté ; voilà qu’elle sacrifie sans retour tant d’or et de pierreries ! Elle nous méprise et nous prive tout à coup de sa présence !


Scène VI.


THAÏS, PAPHNUCE.

Thaïs. — Me voici, Paphnuce, mon père ! Je viens à vous prête à vous obéir.

Paphnuce. — Votre retard commençait à m’inquiéter. Je craignais que vous ne fussiez retombée dans les distractions du siècle.

Thaïs. — N’ayez pas cette crainte : les pensées qui m’agitent sont bien différentes. J’ai disposé de ma fortune comme je le voulais, et renoncé publiquement à mes amans.

Paphnuce. — Puisque vous avez renoncé à eux, vous pouvez maintenant vous unir à votre amant qui est au ciel.

Thaïs. — C’est à vous de me tracer, comme avec un compas, la conduite que je dois tenir.

Paphnuce. — Suivez-moi.

Thaïs. — Plût à Dieu que je pusse vous suivre par mes actions comme par ma marche !



Scène VII.


LES MÊMES.

Paphnuce. — Vous voyez ce monastère ; il est habité par un noble collége de pieuses et saintes vierges. C’est là que je désire que vous passiez le temps de votre pénitence.

Thaïs. — Je ne résiste point à votre volonté.

Paphnuce. — Je vais entrer et prier l’abbesse, directrice de cette maison, de vouloir bien vous y recevoir.

Thaïs. — Que dois-je faire en vous attendant ?