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calques avec sûreté sur des surfaces ou convexes ou profondément concaves ? Et puis ce n’est pas d’une manière indécise, avec un à peu près de dessin, que cette composition est arrêtée sur le vase ; c’est de la manière la plus précise qui soit au monde, avec un trait de burin d’une justesse et d’une pureté surprenantes.

Le musée du Vatican renferme une grande quantité de ces vases de toutes les formes, de toutes les manières, et depuis un pouce jusqu’à quatre ou cinq pieds de haut : vases votifs, vases funéraires, vases laraires. Quelques-uns sont d’une exécution qui ne laisse rien à désirer ; les décrire ou en donner un catalogue serait fastidieux ; nous nous bornerons à les examiner en masse, mêlant à cet examen quelques considérations sur cette branche de l’industrie artistique des Étrusques, qui, à en juger par l’incroyable variété de ses produits, n’était pas l’une des moins importantes.

Les révolutions de la céramique, ou peinture sur vases de terre, furent analogues à celles de la statuaire. Seulement aux époques égypto-étrusque, archaïque-étrusque et gréco-étrusque, on pourrait ajouter une quatrième époque, celle de la renaissance des styles égyptien et archaïque-étrusque.

À l’époque égyptienne appartiennent ces vases de terre cuite de couleur brune, ornés de peintures raides et hiéroglyphiques, représentant des quadrupèdes et des volatiles, calqués parfois sur la nature, mais le plus souvent de forme étrange et monstrueuse, et où la fantaisie domine avant tout ; ce sont des griffons, des sphinx, des esprits ailés, évidemment empruntés au symbolisme égyptien. Ces vases de l’époque la plus reculée de l’art se trouvent dans les tombeaux les plus anciens, non-seulement en Étrurie, mais même dans le Latium et surtout dans la Campanie, long-temps soumise aux Étrusques. On les a attribués à des ouvriers égyptiens, mais à tort. Comme dans les peintures égyptiennes antérieures aux Pharaons, les images qui les décorent sont raides et sans mouvement ; les jambes des personnages, chez lesquels l’artiste n’a indiqué que d’une façon sommaire les principaux linéamens du corps humain, sont collées l’une à l’autre, les bras sont attachés au corps. Il n’est pas jusqu’à l’expression indienne de la physionomie de ces figures aux lèvres africaines et aux grands yeux relevés à la chinoise, qui ne semble empruntée aux peintures hiéroglyphiques de l’Égypte ; mais comme dans les statues, le costume et la coiffure en diffèrent sous plus d’un rapport et d’une manière essentielle.

Les sujets de ces peintures ne sont pas non plus absolument égyp-