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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

d’une grande faveur. Isis et Osiris avaient détrôné Bacchus et les dieux grecs. Sous ce nouveau culte, les funérailles étaient pompeuses, et des vases en grand nombre y étaient consacrés. La céramique dut une sorte de résurrection à cette nouvelle mode. On copia le mieux qu’on put les anciens vases, on en composa de nouveaux dans le même style ; mais ces vases de terre ou de bronze qu’on trouve dans les tombeaux de ce temps-là sont aussi loin de la délicatesse et de la perfection des beaux temps de l’art qu’une copie l’est toujours de l’original.

La plupart des vases retouchés et falsifiés dont nous avons parlé tout à l’heure sont de cette époque de renaissance.

III.
LES BIJOUX, LES BRONZES, LES MEUBLES.

Les Romains, jaloux oppresseurs des Étrusques, dont ils auraient voulu anéantir jusqu’à la mémoire, n’étaient, auprès de ce peuple si avancé dans les arts, que des barbares pleins de courage et d’énergie. On en a la preuve en jetant un regard sur la foule d’objets d’un travail si délicat, ustensiles, meubles, bijoux, trouvés dans la tombe de l’un des douze chefs ou lucumons du pays, qui régnait vers le IIIe siècle de Rome[1]. Ces objets, recueillis dans un même tombeau près de Corneto, ont été déposés dans la salle principale du musée. Les bijoux seuls, dont la valeur intrinsèque, poids de l’or, s’élève à près de 400,000 francs, sont placés au centre de la salle dans une vaste étagère en glaces, qui permet de les bien examiner, en les mettant à l’abri de la cupidité des voleurs et de la convoitise des antiquaires.

Ces bijoux, en grand nombre et appropriés à une foule d’usages, sont fort curieux. Des bagues, des cachets, des agrafes de forme ingénieuse, des bracelets en filigrane que l’on croirait chinois à la forme et à la délicatesse du travail, et des couronnes en feuilles d’or d’une légèreté merveilleuse, sont les pièces capitales de cette collection unique. Les Étrusques, il y a vingt-quatre siècles, savaient donc travailler

  1. L’Étrurie était partagée en douze provinces ; chacune avait un chef ou lucumon ; l’un d’eux jouissait d’une autorité plus grande que les autres. Les lucumons s’asseyaient en public sur une chaise d’ivoire, étaient précédés par douze licteurs, et portaient une tunique de pourpre brodée d’or et un sceptre avec un aigle au bout.