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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/862

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REVUE DES DEUX MONDES.

tant et de si importantes découvertes, firent bientôt retrouver dans un autre pays la plante perdue. Comment et quand avait-elle disparu de l’Égypte, c’est ce qu’on n’a pas manqué de se demander, et l’on en a proposé d’abord une explication qui semblait assez plausible, mais qui, comme nous le ferons voir, s’est trouvée insuffisante en ce qu’elle ne s’applique pas à d’autres faits qui évidemment sont liés à celui que nous considérons.

C’est, disait-on, à l’époque où le christianisme a pris racine en Égypte que le lotus a dû y être détruit, et on se sera appliqué à l’extirper, parce qu’il était devenu, comme toutes les choses qui se rattachaient à l’ancien culte, un objet d’aversion pour les nouveaux. La plante évidemment ne pouvait croître que dans les lieux qui étaient long-temps recouverts par les eaux du Nil, et rien ne nous prouve qu’elle se trouvât fort haut dans la vallée. Or, les parties du pays dans lesquelles elle se trouvait confinée, avaient alors une population si nombreuse, qu’en admettant que chacun se soit fait un point de conscience de contribuer à faire disparaître ce souvenir des faux dieux, il n’y aura pas eu besoin de beaucoup de temps pour y parvenir. Ce n’est pas, ajoutait-on, chose commune que de pouvoir faire une bonne œuvre en suivant un mauvais penchant (le penchant à détruire, hélas ! si commun parmi les enfans de tout âge) ; quand donc ces deux motifs d’action sont venus à agir concurremment sur des masses, leur effet a dû être irrésistible. »

Voilà qui est très bien pour le lotus, qui ne peut fuir ses persécuteurs ni se dérober à leur vue ; mais pour un oiseau pourvu de bonnes ailes et à une époque où l’on n’avait pas encore inventé les fusils à percussion, pour un petit mammifère qui se tient tout le jour caché et auquel le moindre trou offre un asile quand on le surprend dans ses excursions nocturnes, pour un insecte qui a la double ressource de s’enfoncer dans la terre et de s’élever dans l’air, l’explication est un peu en défaut ; cependant, pour être bonne dans le premier cas, il aurait fallu qu’elle s’appliquât également aux trois autres, car l’oiseau, le quadrupède et l’insecte, figurés comme la plante sur les monumens, conservés religieusement dans les sépultures, en un mot évidemment liés à l’ancien culte, ont disparu de même, et l’on ne peut supposer qu’ils aient été détruits.

On me permettra d’entrer ici dans quelques détails, la question étant du nombre de celles où les découvertes du naturaliste peuvent indiquer une direction aux recherches de l’historien.

Vers la fin du siècle dernier, un voyageur français, Olivier, en ex-