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MÉLANGES D’HISTOIRE NATURELLE.

qui couvrent les monumens égyptiens. On la trouve reproduite en pierres fines, en métaux précieux, dans des bijoux, des cachets, dans des amulettes destinées à être portées au cou. Assez souvent le possesseur de ces joyaux a voulu les emporter avec lui dans la tombe ; un autre, plus dévot encore, ne se sera pas contenté de l’image de l’animal vénéré : c’est un vrai scarabée qu’on a dû déposer près de lui, et que nous retrouvons aujourd’hui dans son cercueil.

Les scarabées figurés sur les monumens et dans les bijoux n’appartiennent pas tous à une même espèce, et les passages des auteurs qui ont écrit sur l’Égypte en indiquent aussi plusieurs comme étant l’objet d’une sorte d’adoration. Toutes en général étaient honorées pour les raisons dont j’ai parlé plus haut ; mais chacune avait encore quelque particularité qui la recommandait aux respects du peuple l’une, parce que sa tête offrait une sorte de croissant, était consacrée à la lune ; une autre, parce que son corcelet et ses élytres brillaient de reflets dorés, était consacrée au soleil. Il y a de bonnes raisons pour croire que cette dernière espèce est celle que Latreille désigne sous le nom d’ateuchus Ægyptiorum, nom qui, si l’on oublie quelque jour les motifs qui l’ont fait donner, pourra devenir une cause d’erreurs.

L’espèce qui a été le plus souvent figurée est celle qu’on nomme avec Linnée scarabée sacré, elle se trouve dans presque toutes les parties chaudes de l’Europe, et jusque dans le midi de la France ; celle-là vit toujours en Égypte. Quant à l’ateuche des Égyptiens, il paraît bien constant qu’il a disparu du pays, de même que l’ibis sacré, que les musaraignes et le lotus rose.

Les faits que je viens d’exposer, et dont M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire avait déjà fait le rapprochement, conduisent nécessairement à conclure, ou que des espèces naturelles à l’Égypte en ont disparu par suite de causes qui nous sont inconnues, ou, ce qui est plus probable, que les anciens Égyptiens tiraient de pays étrangers plusieurs des objets de leur culte.

Nous ne savons encore en quel pays se conserve l’espèce de la musaraigne sacrée ; mais rien, jusqu’à présent, ne nous autorise à la considérer comme éteinte, et je ne serais pas étonné que M. Botta nous la rapportât de son prochain voyage dans les contrées qui bordent la mer Rouge ; l’ateuche des Égyptiens a déjà été retrouvé par M. Caillaud dans le Sennaar. Quant au mandjourou, à l’ibis des temples et au lotus rose, nous savons qu’ils vivent tous trois dans l’Inde. N’existent-ils pas aussi dans quelque autre partie de l’Asie ?