Lionne impitoyable et jamais désarmée,
Ne bondis plus autour de mes malheureux flancs,
Et cesse de me suivre avec tes hurlemens !
Voici, pour t’apaiser, un sacrifice immense
Qui surpasse en hauteur, comme en magnificence,
Tous ceux que Jupiter et les dieux immortels
Virent jamais offrir au pied de leurs autels !
C’est plus que cent taureaux à la corne dorée
Que j’ose t’immoler, ô gorgone sacrée !
C’est mieux que du sang d’homme et des corps en monceau
Que je vais consumer du feu de mon flambeau ;
C’est un temple superbe et toute sa richesse ;
Le trône vénéré d’une grande déesse,
L’ouvrage merveilleux des hommes et des temps,
Des vases remplis d’or, des autels éclatans,
Des chapiteaux d’airain, des colonnes sublimes ;
Voilà mon hétacombe et voilà mes victimes !
Ô Mort ! Accepte-les, et que le vieux néant
Pour moi ferme à jamais son gouffre dévorant !
Enfans du Phlégéton, habitans du Tartare,
Sur les ailes des vents, courons, volons aux lieux
Où l’homme nous prépare
Une vaste débauche, un festin spacieux !
Dragons, esprits du feu, déroulez vos spirales !
Nous venons à votre aide avec nos sifflemens