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L’Indus, au milieu d’avril, près Tatta, a une largeur de 670 yards (environ 2,000 mètres). Sa vitesse est de 2 milles et demi par heure ; ses rives escarpées lui donnent dans toute sa largeur, à quelques mètres près, la même profondeur régulière, qui est au moins trois fois aussi grande que celle du Gange, c’est-à-dire de 15 pieds. Sa décharge s’élèverait, d’après ces données, à 110,500 pieds cubes dans une seconde, ou seulement 93,465 pieds d’après la formule de Buat. Il faut introduire dans cette évaluation une légère correction pour les basses eaux des rivages, et il paraît raisonnable de s’arrêter au chiffre de 80,000 pieds cubes par seconde pour la décharge de l’Indus, c’est-à-dire quatre fois autant que le Gange, dans la même saison, près de Bénarès (le Rhin près de Bâle n’en décharge que la moitié, c’est-à-dire 13,400 pieds cubes par seconde), et presque autant que le Mississipi.

Nous n’avons encore aucunes données précises qui nous permettent d’établir une comparaison utile entre l’Indus pendant la saison de l’inondation et le Gange pendant la saison des pluies, époque du maximum de la crue de ce fleuve, et à laquelle il passe à Sikliguly 500,000 p. cubes d’eau par seconde. Cependant les observations recueillies sur l’Indus conduisent aux considérations suivantes :

La longueur plus grande du cours de l’Indus, depuis le voisinage du lac Mansorawar, où se trouvent les sources de l’Indus et du Satadrou (Sutledje), fait supposer une plus grande quantité absolue d’eau que dans le Gange. L’Indus parcourt un domaine fluvial relativement aride, désert ou faiblement peuplé ; le Gange s’élargit beaucoup plus dans son cours et dote ses rivages de plus riches moissons. L’Indus, même dans le temps de son inondation, reste toujours emprisonné dans son lit entre des rives escarpées et proportionnellement beaucoup plus rapprochées ; rarement il a plus d’un demi-mille anglais de largeur. Il rappelle en ceci le cours étroitement encaissé du Nil. Le Gange, au contraire, pareil aux fleuves chinois, s’élargit en quelques portions de son parcours comme un immense lac ou une mer d’eau douce ; d’un rivage on peut à peine distinguer l’autre. C’est pourquoi l’évaporation à sa surface et la quantité d’eau absorbée par le fond et par l’atmosphère doivent être infiniment plus grandes que dans l’Indus.

Le Gange, avec ses affluens, reçoit le déversement atmosphérique uniquement de la pente méridionale du système Himalaya, et l’Indus le reçoit non-seulement de celle-ci, mais aussi de la pente septentrionale et des gîtes de neiges de la haute masse des plateaux. Ses