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SANTA-ROSA.

À M. LE PRINCE DE LA CISTERNA.[1]

Mon cher ami,

Le temps a presque emporté le souvenir de la courte révolution piémontaise de 1821, et celui du personnage qui joua dans cette révolution le principal rôle. Cet oubli n’a rien d’injuste. Pour durer dans la mémoire des hommes, il faut avoir fait des choses qui durent. Ce n’est point seulement par faiblesse, comme on le croit, que les hommes adorent le succès ; il est à leurs yeux le symbole des plus grandes vertus de l’ame, et de la première de toutes, je veux dire cette forte sagesse qui ne s’engage dans aucune entreprise sans en avoir pesé toutes les chances, et sans s’être assurée qu’elle ne contient rien qui puisse rendre vaine la constance et l’énergie. Le plus brillant courage contre l’impossible touche peu, et les plus héroï-

  1. Cet écrit, comme on le verra, n’avait pas été destiné au public. Il avait été composé pour M. le prince de la Cisterna, au plus fort d’une maladie, à laquelle M. Cousin est heureusement échappé. M. de la Cisterna a cru accomplir un dernier devoir envers la mémoire de M. de Santa-Rosa en permettant de publier cet écrit, auquel l’auteur n’a rien changé.