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CONSTANTINOPLE.

les Turcs. Brousse devint le centre des conquêtes d’Othman, et Orcan fut assez puissant pour forcer un Cantacuzène à lui donner sa fille comme concubine. Les tombes de ces vaillans fondateurs de la puissance turque s’élèvent dans un hameau voisin de leur ville de prédilection.

Brousse fait un grand commerce de soieries. Les étoffes que l’on y fabrique sont d’une grande richesse ; mais pour la finesse du tissu et surtout pour le goût des dessins, elles restent bien en arrière de celles de Lyon. Telles qu’elles sont du reste, on a peine à concevoir qu’elles puissent sortir des métiers informes en usage dans le pays. Un métier à la Jacquard y produirait une révolution, et il faut ici prendre ce mot dans son acception rigoureuse. Un négociant français voulut introduire à Brousse un simple métier à dévider ; les femmes qui étaient chargés de cette opération préparatoire s’ameutèrent contre lui à tel point qu’il jugea prudent d’éloigner de la ville sa malencontreuse mécanique. Il la fit fonctionner dans la campagne ; peu à peu les Turcs en comprirent les avantages et l’adoptèrent en dépit de leurs femmes.

Des contreforts de l’Olympe jaillissent des sources d’eaux chaudes d’un goût insipide, mais dans la composition desquelles existe cependant du sulfate de soude et du soufre. Dans un des faubourgs de Brousse, il existe de vastes établissemens thermaux d’où cette ville tire son nom.

De Brousse nous regagnâmes Constantinople assez à temps pour y prendre le paquebot français le Tancrède en partance pour Smyrne.


Édouard Thouvenel.