Les colons du Brazos, à la première nouvelle du soulèvement de leurs concitoyens du Rio Trinidad, prirent aussitôt les armes pour marcher à leur secours, et se déclarèrent en même temps contre l’administration de M. Alaman. Mais, pour rejoindre promptement les insurgés devant Anahuac, il fallait qu’ils désarmassent ou attirassent à leur parti le commandant du fort de Velasco. Ils l’engagèrent donc à embrasser la cause des fédéralistes contre le gouvernement, et poussèrent la hardiesse jusqu’à lui demander un canon dont la place était munie, pour aller attaquer le commandant d’Anahuac, de l’autre côté de la baie de Galveston. Ugartechea, c’était le nom du commandant de Velasco, leur répondit en homme d’honneur qu’il obéirait aux ordres de ses chefs, et qu’il s’opposerait à l’exécution de leurs desseins. Les colons du Brazos n’en persistèrent pas moins, et au nombre de cent dix-sept, sous la conduite de John Austin, attaquèrent Velasco, le 26 juin avant le jour. Comme ils n’avaient que des carabines, et que les Mexicains, outre leurs fusils, avaient sur un des bastions leur canon monté à pivot, les audacieux assaillans souffrirent d’abord beaucoup ; mais aussitôt que le jour fut venu, ils prirent leur revanche. Tous les soldats qui se montraient sur le rempart étaient abattus, et ceux qui servaient la pièce de canon avaient les mains enlevées par ces fameux tireurs de l’ouest qui ne manquent jamais leur coup, si bien qu’à la fin Ugartechea, ne pouvant plus décider ses hommes à charger et pointer le canon, eut le courage héroïque de se mettre lui-même à la besogne. Les Texiens, saisis d’admiration, cessèrent le feu par générosité, dit l’historien de ces évènemens, car le dernier d’entre eux était assez sûr de son arme pour lui mettre une balle dans l’œil. Ayant affaire à des gens si résolus, Ugartechea vit bien qu’il fallait capituler, et rendit la place. Les assiégés n’avaient perdu qu’un homme, et dix-sept autres avaient eu les mains coupées en faisant le service du canon. La perte des Texiens était beaucoup plus considérable ; elle s’élevait à onze hommes tués et cinquante deux blessés, dont douze à mort. Après cet exploit, la troupe d’Austin, si cruellement décimée, fut dispensée de son expédition sur Anahuac par la soumission du commandant.
Il paraît que ces évènemens amenèrent la retraite ou la dispersion des troupes mexicaines qui occupaient le Texas. D’ailleurs, au milieu de la guerre civile qui continuait à déchirer le Mexique, tous les pouvoirs, ordinairement si faibles, étaient trop désorganisés pour se faire respecter d’une population enhardie par ses dernières victoires. Aussi, dès que les troupes se furent retirées, toutes les douanes