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constitution de 1824, et l’établissement du despotisme ecclésiastico-militaire ? Cette majorité qu’on invoque, est-ce autre chose que le pouvoir militaire qui a étouffé la voix de la nation ? Le gouvernement de Mexico proteste de ses bonnes intentions envers le Texas ; mais alors pourquoi ces préparatifs d’invasion ? pourquoi le général Cos s’est-il avancé de Matamoras sur Bejar, à la tête de toutes les troupes disponibles ? Ce langage n’est-il pas un leurre ? ces prétendues garanties qu’on nous promet ne cachent-elles pas un piége ? » Et le comité terminait sa proclamation en exhortant les citoyens armés à voler au quartier-général de l’armée du peuple, à Gonzalès.

Le mouvement qui éclatait dans l’ouest eut bientôt embrassé toute l’étendue du Texas, jusqu’aux frontières des États-Unis. Des comités s’organisèrent de tous côtés. Ceux de Nacogdoches et de San-Augustine levèrent des troupes et en confièrent le commandement à Samuel Houston, que les hasards d’une carrière orageuse avaient jeté depuis quelques années dans ce pays.

Destiné à vaincre Santa-Anna dans les plaines de San-Jacinto, et à consolider par cette victoire l’établissement de la république texienne, dont il devait être le premier président, Houston avait eu le pressentiment de la mission que lui réservait le sort et qui convenait à son caractère aventureux. En annonçant que ce personnage, très connu alors dans l’Union américaine, se rendait au Texas, vers la fin de 1829 ou en 1830, un journal de la Louisiane disait que c’était pour révolutionner le pays, et ajoutait : « On peut donc s’attendre à lui voir bientôt lever le drapeau de l’insurrection. » Ceci prouve, au reste, pour le dire en passant, combien les élémens révolutionnaires avaient profondément pénétré dans les entrailles du Texas, et combien leur explosion était inévitable. L’instinct national du Mexique ne s’y était pas trompé. En même temps qu’Houston recevait dans l’ouest la direction des opérations militaires, M. Lorenzo de Zavala succédait au général Austin dans la présidence du comité de sûreté, c’est-à-dire dans la direction des opérations politiques, et Austin allait prendre à Gonzalès le commandement du noyau d’armée qui s’y rassemblait.

Aussitôt qu’on eut appris à la Nouvelle-Orléans que les Mexicains se disposaient à envahir le Texas, et que la population organisait ses moyens de résistance, les habitans de cette ville manifestèrent d’une façon éclatante leur sympathie pour la cause de leurs voisins. C’était la conséquence naturelle des rapports établis depuis quelques années entre les deux populations. Le meeting de la Nou-