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LE TEXAS ET SA RÉVOLUTION.

volontaires de Milam n’en furent point découragés. Pour répondre au feu de l’ennemi et pour le neutraliser, ils avaient ces incomparables carabines dont les Mexicains ne connaissaient que trop bien la portée et l’effet. Ce fut leur grande ressource. Une fois entrés dans la ville, on ne put les déloger, même après la perte de leur intrépide commandant, qui fut tué le 7 d’une balle dans la tête. Ce siége intérieur dura cinq jours. Les Texiens ne se rendirent entièrement maîtres de la place que le 9 dans la nuit, par une surprise. Le lendemain, la citadelle elle-même capitula. Le général Cos et ses officiers donnèrent leur parole d’honneur de ne point s’opposer au rétablissement de la constitution fédérale, et obtinrent à cette condition la faculté de retourner chez eux, avec une partie des troupes seulement. L’argent et les munitions de guerre qui se trouvaient dans Bejar furent remis aux vainqueurs. Ainsi, dès le commencement de décembre 1835, trois mois et demi après l’ouverture de la campagne, il n’y avait plus un seul soldat mexicain sur le territoire du Texas.

Ces rapides succès de l’insurrection firent naître aussitôt dans le pays tout entier un désir général d’indépendance, auquel le mouvement des États-Unis en faveur de la cause texienne donnait en même temps une direction différente. On savait que le nouveau gouvernement de la république mexicaine avait triomphé partout des soulèvemens du parti fédéraliste, et le Texas sentait bien que désormais, entre le Mexique et lui, ce n’était plus une guerre politique, mais une guerre nationale. N’était-ce pas un mensonge ridicule que cette prétention de défendre le fédéralisme, quand le reste de la république se taisait et se soumettait sans résistance ? Le gouvernement provisoire du Texas, qui existait en vertu de la constitution fédérale de 1824, avait donc besoin de retremper ses pouvoirs à une autre source, et de renouveler le principe même de son existence. Ce fut le général Austin, qui, dès la fin de novembre, donna cette impulsion à l’opinion publique, et demanda la convocation d’une nouvelle assemblée nationale ; car il ne croyait pas que le gouvernement provisoire eût le droit de proclamer l’indépendance, et de briser les derniers fils par lesquels le Texas tenait encore au Mexique. Il partit ensuite pour les États-Unis avec ses deux collègues. Mais déjà l’enthousiasme populaire avait devancé leurs efforts. Les gris de la Nouvelle-Orléans (New-Orléans greys) avaient figuré à la prise de Bejar. Le Tennessee, l’Alabama et la Georgie envoyèrent aussi leurs volontaires et leur argent aux Texiens, et ce fut pendant la tenue de la consultation