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vocem cubantes sensim excitant, etc.[1]. » Le vaste édifice qui servait à Athènes de lieu d’exercice aux tragédiens s’appelait μελιτέων οἶκος[2], ou μελετητήριον. À Rome, les maisons des grands acteurs, tels que Roscius, par exemple, qui donnait lui-même tant de soin à sa diction et à ses gestes[3], étaient des espèces d’académies où se formaient les bons comédiens[4]. Il est possible même qu’une partie du temple d’Apollon ou des Muses eût une destination analogue à celle du Μελετητήριον d’Athènes.

Outre les répétitions particulières et partielles, qui se faisaient soit dans la maison du poète, soit au théâtre dans une des salles des parascenia ou du postscenium, il y avait, quand les rôles étaient bien sus, et que musiciens, choreutes et comédiens étaient prêts à marcher d’accord, il y avait, dis-je, une répétition générale sur le théâtre même, ou, quand les villes en étaient pourvues, sur une scène couverte et plus petite, appelée ordinairement odéon. Ce nom nous prouve que ce fut surtout en vue de l’exécution musicale que ces édifices furent élevés. C’est, en effet, lorsqu’une musique plus savante s’introduisit sur le théâtre d’Athènes, que Périclès fit bâtir auprès de l’Hiéron de Bacchus[5] un petit théâtre, qu’on appela l’Odéon de Périclès[6]. Cet édifice, qui contenait beaucoup de siéges et beaucoup de colonnes, πολύεδρον καὶ πολύστυλον, fut couvert avec les mâts et les antennes des navires pris sur les Perses. Plutarque, de qui nous tenons ces détails, compare le toit de l’Odéon à la tente de Xerxès. Ayant été brûlé par ordre du sophiste Athénion, qui défendit l’Acropole assiégée par Sylla durant la guerre mithridatique[7], l’Odéon fut rétabli sur le plan primitif par le roi d’Arménie, Ariobarzane Philopator[8]. Plus tard, Strabon et Pausanias[9] le signalent comme un des ornemens d’Athènes. Ce monument servit de type à toutes les constructions de ce genre élevées en Grèce avant la domination romaine. Si nous étudions les ruines des odéons d’Herculanum, de Pompéi, de Capoue, de Catane, d’Acrœ, et les autres monumens semblables

  1. Cicer., De orat., lib. I, cap. LIX.
  2. Hesych. et Photius.
  3. Val. Max., lib. viii, cap. vii. — Cicer., Pro Archia poeta, cap. viii.
  4. id., De orat., lib. I, cap. XXVIII. — id., Pro Rosc.
  5. Vitruve (lib. V, cap. IX) attribue ce monument à Thémistocle. — Andoc., De myster., pag. 19, Reisk.
  6. Millin, Description d’une mosaïque antique, pag. 8.
  7. Appian., De bello Mithrid., cap. XXXVIII.
  8. Vitruv., ibid.Voy. l’explication d’une inscription relative au rétablissement de l’Odéon de Périclès. Académ. des Inscript., tom. XXIII, hist., pag. 189, seqq.
  9. Strab., lib. IX, pag. 396, D. — Pausan., lib. I, cap. XX, § 3.