savans, s’est trouvé nécessairement en première ligne, et il a été jugé avec liberté sans doute, mais avec modération et urbanité. D’autres lettres qui paraîtront prochainement, et que rien ne saurait nous empêcher de publier, prouveront que nous avons voulu nous occuper des sciences en général sans aucun but personnel. Le ton de ces lettres sera, comme celui de la première, calme et mesuré. Malheureusement il est des gens qui ne savent point s’imposer, dans la discussion, la même réserve. Le National, en prenant la défense de M. Arago, a prétendu que les critiques adressées à ce savant astronome avaient un but politique, et qu’elles étaient payées par le château ! Une telle accusation ne saurait être prise au sérieux, et nous ne nous y arrêterons pas. Nous croyons pourtant devoir engager les amis de M. Arago à modérer leur ressentiment, car ils ne parviendront jamais à exciter notre colère, ni à nous faire abandonner la ligne d’impartiale critique que nous avons adoptée. Les attaques violentes ne sont pas dans nos habitudes, et nous n’hésiterons pas à déclarer, que de quelque côté qu’elles pussent venir, la Revue n’en accepterait jamais la solidarité. La discussion a des bornes que les bienséances ne permettent jamais de franchir. Qu’aurait dit le National, il y a cinq ans, si l’on avait avancé que ses attaques, et celles que les autres feuilles radicales dirigeaient alors contre M. Arago, étaient payées par le château ?
— Naguère, dans un article consacré à Hégésippe Moreau, la Revue s’exprimait, sur la tendance morale de quelques poètes de nos jours, en des paroles sévères peut-être, mais justes, nous le croyons, pleinement convaincues, et qui d’ailleurs témoignaient d’une profonde sympathie pour les intelligences poétiques, beaucoup mieux que n’auraient pu faire d’imprudentes et trop faciles flatteries. En ce temps d’irrésistible folie et d’ambition démesurée, il est encore cependant quelques fervens adeptes qui savent cultiver la poésie dans un sentiment épuré et avec un courage plus ou moins obscur, mais toujours méritant. Dans ce nombre, il faut ranger incontestablement Mlle Antoinette Quarré, poète et ouvrière à Dijon. Mlle Quarré est une jeune fille qui a su s’élever au-dessus de sa condition première et l’embellir, sans prétendre en aucune façon la renier. Elle a mis en action, pour sa part, les principes que la Revue émettait tout récemment encore. Depuis le jour où Mlle Antoinette Quarré s’est éveillée poète, elle n’a point interrompu le travail de ses mains ; elle a compris sagement qu’une occupation à la fois modeste et utile peut s’allier sans préjudice au culte brillant de la muse. Elle a voulu être tout-à-fait un de ces poètes du fond de l’atelier dont nous parlions. Son talent lui a valu les suffrages de plusieurs écrivains éminens, entre autres de M. de Lamartine, qui lui a adressé une pièce des Recueillemens poétiques. Dans le modeste