taire, afin d’empêcher toute communication avec Palerme ; mais, en réalité, et secrètement, elle était destinée à préserver la ville du pillage et des massacres dont elle était menacée par la populace.
Les choses en étaient là, et les habitans de Catane vivaient dans l’attente la plus cruelle, les yeux tournés du côté de Palerme, où la mortalité faisait d’effrayans progrès, quand tout à coup on apprit que le choléra avait éclaté sur un autre point, du côté opposé, à Syracuse, mettant ainsi Catane entre deux villes infectées. En même temps, un major de gendarmerie napolitain, M. Simoneschi, échappé des massacres de Syracuse, vint se réfugier à Catane dans le couvent des pères bénédictins. Bientôt le peuple s’arma et vint s’attrouper devant le monastère, demandant qu’on lui livrât le major, qui n’était venu, disait-on, à Catane que pour y répandre les poisons qui donnaient le choléra, et dont il avait fait usage contre les habitans de Syracuse. Une commission sanitaire avait été formée en même temps que la garde urbaine. Le 18 juillet, les révoltés la surprirent au milieu d’une séance, chassèrent quelques-uns de ses membres, et lui donnèrent pour chef un noble de Catane, peu favorable, disait-on, au gouvernement de Naples, dont il était personnellement mécontent. C’était le marquis de San-Giuliano, dont le nom a retenti dans toute l’Europe. On le mit, bon gré mal gré, à la tête de la foule révoltée, qui se porta de nouveau au couvent des bénédictins. Les portes de ce magnifique monastère furent forcées, et les moines, qui s’étaient assemblés dans la vaste salle de leur bibliothèque, insultés et sommés de livrer le major Simoneschi. Les bénédictins sont tous gentilshommes, des meilleures familles de la Sicile. La vue de cette populace effrénée ne les intimida pas. Jusqu’au soir que durèrent les perquisitions qu’on fit dans toutes les cellules de cet immense couvent, ils restèrent, le couteau sur la gorge, sans vouloir désigner le lieu où ils avaient caché le major. L’intervention du marquis de San-Giuliano ne put modérer les furieux, et ce fut à grand’peine qu’il parvint à les détourner du projet d’incendier le monastère, qui renferme les plus admirables tableaux du Morrealèse, et qui peut être comparé aux plus beaux édifices de l’Italie.
Les révoltés, encouragés par l’irrésolution de l’intendant, demandèrent le changement des chefs de la garde urbaine, et le 20 juillet, ils arrêtèrent à la fois l’intendant, le procureur-général et le lieutenant commandant de la gendarmerie, qu’ils déposèrent dans la villa du duc de Carcaci. Pendant ce temps, une autre partie du peuple, également soulevée, se portait chez le gérant de l’intendant, chez le commissaire