Résumons cet exposé par des chiffres exacts empruntés au tableau des rentes perpétuelles inscrites sur le grand-livre le 1er janvier 1840 :
Capital évalué au pair. | Intérêts à solder. | ||
Cinq pour cent |
2,942,249,620 | — | 147,112,481 |
Quatre et demi pour cent |
22,813,333 | — | 1,026,600 |
Quatre pour cent |
299,469,150 | — | 11,978,766 |
Trois pour cent |
1,193,109,667 | — | 35,793,290 |
4,457,641,770 | — | 195,911,137 | |
La dotation annuelle de l’amortissement est de |
44,616,463 | ||
Ce qui donne en total la somme de |
240,527,600 | ||
à solder annuellement pour les seuls arrérages des rentes constituées. |
Mais la dette inscrite sur le grand-livre n’est qu’une partie du fardeau qui pèse sur l’état, lequel se complique de la dette flottante, ainsi répartie :
1o Intérêts des emprunts contractés spécialement pour des travaux d’utilité publique[1] |
10,683,300 |
2o Intérêts des cautionnemens et dettes exigibles du Trésor |
18,000,000 |
3o Rentes viagères[2] et pensions diverses |
55,413,000 |
84,096,300 |
La réunion de la dette consolidée et de la dette flottante absorberont donc suivant les prévisions du budget de 1841, la somme de 324,623,900 francs, et porteront le capital réel de la dette française à cinq milliards soixante huit millions sept cent quarante-cinq mille neuf cent cinquante francs.
Ces chiffres, si retentissans qu’ils soient, n’ont rien qui doive effrayer. Les forces de la nation se sont développées dans une proportion plus grande encore que le fardeau commun, et si on songe à l’alléger aujourd’hui, ce n’est pas la nécessité qui commande, c’est la prudence qui conseille. Le laboureur s’élance, au premier rayon qui suit l’orage, pour réparer la dégradation du champ dont il est roi. Ainsi doivent faire les hommes d’état quand reviennent les jours de calme après les secousses désastreuses. Combler un déficit antérieur, c’est accumuler des ressources, c’est recruter pour l’avenir des travailleurs ou des soldats.