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REVUE DES DEUX MONDES.

LOUISE.

Eh bien ! je voulais dire qu’il y a une petite fille qui peut-être ira passer le reste de ses jours dans un couvent, car tous les autres hommes lui paraissent fous ou méchans ! Adieu, monsieur !

GEORGE, ému.

Un mot encore ! un instant ! personne ne vient !

LUCETTE.

Si fait, voilà justement M. le comte dans la grande allée avec du monde ! Eh vite ! mamselle Louise, par ici !…

LOUISE.

Par ici ? Il en vient encore !

LUCETTE.

En ce cas, par là ! sous l’estrade ! Tenez, c’est creux, sous ce rideau !

LOUISE, revenant sur ses pas.

Ô mon Dieu ! maman ! Ah ! je suis perdue si elle me voit ! (Elle se cache sous l’estrade avec Lucette.)

GEORGE.

Comme elle la craint ! Oh ! la peur règne donc toujours ici !… Que vois-je ?… (Il hésite un instant, puis fait un effort et se décide à passer auprès de Julie qui ne fait pas attention à lui. Il disparaît parmi les arbres.)


Scène IV.


JULIE, toujours belle et parée, suivie de plusieurs dames.
UNE DAME.

Voyez, madame la comtesse ! il ne tiendrait qu’à vous ! Si vous aviez la bonté de dire seulement quelques mots pour moi à M. de Puymonfort…

JULIE.

Pardon, madame la marquise ; mais en vérité vous auriez en moi un faible avocat. Mon mari ne me permet pas de lui parler d’affaires.

UNE AUTRE DAME.

Madame de Puymonfort plaisante. On sait que son mari est à ses pieds ; et le moyen d’en douter, quand on la voit !

UNE AUTRE.

Ah ! duchesse ! nous ne savons que trop qu’il l’adore, car il est invulnérable à toutes nos attaques ; et si, nous autres femmes, nous venons solliciter madame, ce qui n’est pas dans l’ordre, à coup sûr, c’est en désespoir de cause. N’est-ce pas, madame la présidente ?

LA PRÉSIDENTE.

Aussi madame abuse de sa supériorité et nous traite en vaincues.

JULIE.

Oh ! mesdames, vous m’accablez de vos épigrammes. Mais que puis-je faire ?