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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 avril 1840.


La proposition de M. de Remilly a produit les effets que tout homme calme et impartial devait en attendre.

La chambre en a reçu une atteinte grave. Une partie de ses membres a été en quelque sorte, ainsi que l’a fait remarquer un puissant orateur, M. Dupin, mise en état de suspicion. La chambre laissera-t-elle tomber cette malheureuse proposition dans l’oubli ? C’est sans doute ce qu’elle a de mieux à faire. Il n’est pas moins vrai qu’un coup funeste a été porté à son autorité morale, qu’une délibération de la chambre elle-même a jeté le doute dans les esprits les plus timorés. Comment espérer que la composition de l’assemblée paraisse irréprochable au vulgaire, quand la chambre proclame hautement qu’elle doute d’elle-même, quand à une grande majorité elle n’hésite pas à s’appliquer cette formule désormais proverbiale : il y a quelque chose à faire ?

La chambre oserait-elle passer outre et mettre la main à un projet de réforme ? C’est une carrière qu’il est facile d’ouvrir, difficile de fermer ; il est difficile de la fermer à temps, à propos, sans remettre tout en question, sans ébranler les bases de notre système électif. Vous représentez-vous, dans l’état actuel de l’assemblée, dans la disposition présente des esprits, un débat où chaque classe de fonctionnaires publics se verrait successivement menacée d’exclusion, frappée d’incompatibilité, où l’on remanierait, par une conséquence nécessaire la liste des éligibles, une des parties les plus importantes de notre loi électorale ?

Quand on pense que ce brandon a été jeté dans l’assemblée par un conservateur, on se demande avec effroi : sur qui peut-on compter aujourd’hui ? de qui peut-on espérer cette politique mesurée, prudente, qui tient compte avant