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REVUE. — CHRONIQUE.

chambre des députés. Dans une vive improvisation, tout en abordant les questions les plus ardues, tout en disant la vérité sur le présent et sur l’avenir, il n’est pas échappé à l’orateur un mot, une syllabe qui pût le moins du monde déplaire ni à l’une, ni à l’autre chambre.

Nous ne savons pas ce qui serait arrivé si le projet eût été acceptable et son opportunité un peu moins sujette à controverse. Toujours est-il que la loi a obtenu plus de boules blanches qu’on ne le pensait.

Grace à l’activité de M. le ministre des travaux publics, on peut espérer que la session ne se terminera pas sans qu’une nouvelle impulsion soit donnée aux entreprises de chemins de fer. Il faut espérer que nous sortirons enfin des faubourgs de Paris pour nous diriger vers Orléans, vers Rouen, vers Bruxelles. Non-seulement l’intérêt, mais l’honneur du pays nous le commande.

M. Cousin a su, avec un zèle infatigable, et avec cette mesure et cette sûreté d’action que donnent des observations approfondies et une longue expérience, appliquer à toutes les facultés deux excellentes institutions, celle des agrégés et celle des prix annuels. M. le garde-des-sceaux et M. le ministre de l’instruction publique ont en même temps accueilli un vœu que, nous aussi, nous nous étions permis d’émettre. M. le garde-des-sceaux, qui a puisé dans le conseil d’état, dont il était un des membres les plus habiles et les plus actifs, l’amour de la règle et des bonnes traditions administratives, a déclaré que dorénavant, dans les présentations, on tiendra compte aussi des prix obtenus et du résultat des épreuves subies dans les écoles de droit.

Les affaires de Buénos-Ayres ont fixé d’une manière particulière l’attention du gouvernement. M. l’amiral Dupotet paraît avoir oublié un moment la scrupuleuse réserve qu’un chef militaire doit s’imposer lorsqu’il n’est pas chargé du double rôle de combattant et de négociateur. Toute intervention même accidentelle et indirecte peut paralyser des résultats importans et rendre de plus en plus difficile une mission qui l’est déjà infiniment par elle-même. Nous avons peine à croire que, dans l’état des choses, un changement de personnes ne soit pas nécessaire. Évidemment le consul-général ou l’amiral, peut-être l’un et l’autre, devront être remplacés.

En Afrique, nos armes ont été plus heureuses ; mais la lutte contre Ald-el-Kader a été bien vive, si les résultats ont été glorieux. Le col de Teniah a été emporté après un combat acharné, et la ville de Medeah est au pouvoir de nos troupes. On se demande néanmoins si M. le maréchal Valée a fait preuve de l’activité et du coup d’œil d’un général en chef. Là aussi peut-être la conduite de nos affaires demande à être confiée à des mains plus habiles. C’est au cabinet à peser de si graves intérêts. M. le duc d’Orléans, qui a payé de sa personne dans cette nouvelle campagne d’Afrique, sera bientôt de retour à Paris, et pourra apporter de vives lumières dans la discussion qui ne manquera pas de s’établir au sein des conseils du gouvernement sur la situation de notre colonie.

L’Espagne paraît se trouver à la veille d’un événement important. La prise de Morella porterait peut-être le dernier coup à l’insurrection carliste. Mais il