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FRÉDÉRIC-GUILLAUME III.

Frédéric-Guillaume II, en se mettant à la tête de la ligue de Pilnitz, avait abjuré tous les principes de sa maison, qui n’avait cessé jusqu’alors de regarder la France comme un appui naturel qu’il fallait ménager, et l’Autriche comme une rivale qu’il fallait contenir. La politique des intérêts d’équilibre et de territoire n’était entrée pour rien dans les mobiles qui l’avaient jeté dans la coalition. La haine de la révolution, l’orgueil de devenir le libérateur de Louis XVI et le vengeur des trônes, le mépris de nos forces et une foi aveugle dans le succès l’avaient seuls dirigé. Mais ses alliés n’avaient pas apporté dans la ligue les mêmes dispositions. L’égoïsme et la tiédeur des uns, les vues intéressées des autres jetèrent l’incertitude et le désaccord dans la coalition et firent échouer ses plans. Cette guerre tourna à la confusion de la Prusse : elle y compromit ses finances, sa considération militaire et ses possessions sur la rive gauche du Rhin. Tandis que ses armées et celles de l’Autriche étaient battues par les conscrits de la révolution, Catherine II, qui avait promis à ses alliés le concours de ses forces contre la France, s’en servait pour consommer la ruine de la Pologne. Cette œuvre de destruction une fois accomplie, elle fit sa part, et abusant des embarras dans lesquels la lutte avec la France plaçait l’Autriche et la Prusse, elle les força de devenir ses complices, comme elles l’avaient été dans le premier partage, en leur jetant quelques lambeaux de sa proie.