cendance du roi aux volontés des deux grands états qui le pressaient au nord et au midi lui devint funeste ; elle leur livra le secret de sa faiblesse, secret fatal dont bientôt ils abusèrent tour à tour.
La mort de Paul Ier entraîna la dissolution de la ligue du Nord, et la Prusse, dégagée de la pression qu’exerçaient sur elle la Russie et la France, rentra avec délices dans sa neutralité. Enfin, la conclusion du traité d’Amiens lui rendit la sécurité qu’elle ne pouvait trouver que dans la paix maritime et continentale.
La France, en exigeant à Léoben et à Lunéville la barrière du Rhin, ne voulait point attenter à l’indépendance des autres états, mais garantir la sienne. La Russie, l’Autriche, la Prusse et l’Angleterre s’étaient prodigieusement agrandies, les trois premières, par le démembrement de la Pologne, la dernière par ses conquêtes dans l’Inde. Tout équilibre était rompu entre les forces relatives de ces puissances et celles de la vieille France. En se partageant la Pologne, les grandes cours du Nord avaient répudié les principes du droit des gens et pris pour règles de conduite les convenances de la force et leur cupidité. La France, qui avait vaincu tous ses ennemis, était dans son droit en ne déposant les armes qu’après avoir obtenu les agrandissemens qui lui étaient indispensables pour remonter au même rang que les grandes monarchies. Ces agrandissemens ne pouvaient être que la Belgique et la rive gauche du Rhin. Mais un grand nombre de princes laïcs possédaient des domaines sur cette rive, et il répugnait à la France de les dépouiller sans les indemniser. Elle exigea donc, par les traités de Campo-Formio et de Lunéville, que les domaines ecclésiastiques situés en Allemagne fussent sécularisés pour indemniser les princes laïcs dépossédés par l’extension de son territoire. Une telle opération était incontestablement une des plus épineuses et des plus graves, par leurs conséquences, que pût entreprendre la politique.
Le protecteur naturel et légal des princes dépossédés était l’empereur d’Allemagne ; mais, dans cette grande question des indemnités, il avait deux intérêts fort distincts et même opposés, les intérêts de sa maison et ceux de son autorité impériale. Ses intérêts de famille devaient le porter à assurer promptement au grand-duc de Toscane et au duc de Modène les indemnités qu’ils devaient recevoir en Allemagne, en vertu du traité de Lunéville, pour la perte de leurs duchés italiens. D’un autre côté, l’opération des indemnités, ne pouvant se faire qu’en retranchant du corps germanique les princes ecclésiastiques, devait avoir pour inévitable résultat de le dépouiller de toute l’influence que lui assurait dans la confédération son rôle de