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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 23.djvu/442

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MADAME
DE LONGUEVILLE.

Les noms de Mme de La Fayette et de M. de La Rochefoucauld, auxquels on s’est précédemment arrêté[1], semblent en appeler un autre ; lié naturellement au leur par toutes sortes de relations attrayantes, de convenances et de réverbérations plus ou moins mystérieuses : Mme de Longueville, dans sa délicate puissance, est encore à peindre. Sa vie, qui s’est partagée en deux moitiés contraires, l’une d’ambition et de galanterie, l’autre de dévotion et de pénitence, n’a trouvé le plus souvent que des témoins trop préoccupés d’un seul aspect. Mme de Sévigné seule, dans une lettre célèbre, a éclairé l’ensemble du portrait au plus pathétique moment. Pour nous, à qui une rencontre inévitable l’a offerte, pour ainsi dire, au milieu et au cœur d’un sujet que nous traitions, il nous a été donné de la suivre, et nous avons eu comme l’honneur de la fréquenter en des heures de retraite et à travers ses dispositions les plus cachées. Elle nous apparaissait la plus illustre pénitente et protectrice de Port-Royal durant des années ; c’est d’elle et de sa présence en ce monastère que dépendit uniquement, vers la fin, l’observation de la paix de l’église ; c’est sa mort qui la rompit. Sans prétendre retracer une vie si diverse et si fuyante, il y a eu devoir et plaisir pour nous à bien saisir du moins cette physio-

  1. Voir particulièrement l’article sur La Rochefoucauld, no du 15 janvier 1840.