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POMPEÏ.

est une basilique. Il y a plus : les églises un peu vieilles, où l’art à sa renaissance n’a point épuisé tous ses raffinemens, où l’on ne trouve encore ni la croix, ni l’ogive, sont précisément des basiliques ; rien de plus, rien de moins. Que l’on voie, par exemple, la basilica di Monreale, en Sicile, bâtie, dans le XIIe siècle, par le Normand Guillaume-le-Bon, ou la capella del Real Palazzo, ou la cathédrale de Cefalu : ce sont de vraies basiliques romaines. Dans la capitale même du monde chrétien, à Rome, l’ancien Saint-Paul, San-Pancracio, Santa-Cecilia, San-Pietro in Vincula, sont aussi des basiliques. Cette dernière église principalement, où tous les étrangers vont admirer le prodigieux Moïse de Michel-Ange, et qui mériterait, même sans cet incomparable chef-d’œuvre, une visite attentive, reproduit fidèlement, dans sa forme, dans ses deux rangées latérales de lourdes colonnes, dans son maître-autel semi-circulaire, l’aspect général et jusqu’aux détails de la basilique de Pompeï. Cette comparaison, et la parfaite ressemblance qu’elle établit, sont d’un intérêt considérable dans l’histoire de l’architecture.

Après les édifices que je viens de citer, à savoir, les théâtres, les temples, le forum, les écoles, la donation d’Eumachia et la basilique, il ne reste plus à mentionner de monumens proprement dits, si ce n’est les thermes, ou bains publics. La description, même sommaire, de ces monumens serait inutile, car les thermes de Pompeï ressemblent à ceux qu’on a retrouvés partout. C’est toujours la grande antichambre à petites niches, où l’on quittait et reprenait ses habits, puis la vaste baignoire commune, où l’eau se renouvelait lentement, mais sans cesse, par un courant qu’amenaient des tuyaux fermés de robinets. Ce qui donne néanmoins une grande valeur aux thermes de Pompeï, c’est que, tandis que tous les autres édifices de la ville ensevelie se trouvent sans toiture, on a pu conserver intacte, avec tous ses ornemens peints ou sculptés, une grande partie de la voûte qui couvrait la salle de bain. Aussi est-ce là de préférence que les voyageurs vont prendre un peu de repos, et manger à l’ombre la collation qu’ils ont apportée. C’est également là que les ouvriers des fouilles viennent leur offrir quelque citron, quelque figue ou quelque bouquet cueilli dans les ruines.

Les rues que l’on parcourt pour aller d’un édifice à l’autre, sont, comme dans tous les pays chauds, fort étroites, mais généralement droites et régulières ; elles sont pavées de larges dalles de lave, comme celles de Naples, qui fait aussi servir à son usage les présens de son terrible voisin ; et toutes sans exception, même les plus