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jardins, étaient les peintures à fresques, dont toutes les pièces occupées par les maîtres étaient tapissées. On les appelle ainsi par habitude et sur l’apparence, car ce ne sont pas précisément des fresques, semblables à celles des artistes modernes, qui remplissent tous les temples et tous les palais de l’Italie. Ce sont plutôt des peintures à la gouache, faites sur un enduit ressemblant à du stuc. En effet, on les enlève aisément, en lavant et frottant les couleurs, sans nuire à cet enduit sur lequel elles sont simplement appliquées. Les peintures antiques ressemblent donc davantage à celles que l’on fait aujourd’hui sur un enduit de cire, et qui remplacent les fresques de la renaissance, en laissant à l’artiste l’avantage de pouvoir retoucher son ouvrage comme s’il peignait sur la toile ou le bois.

Les fresques, puisqu’il faut les appeler ainsi, déterrées jusqu’à présent, ont été enlevées des ruines de Pompeï, et déposées dans une partie des salles du musée Degli Studi. Mais un récent décret, provoqué, sollicité par M. Bianchi, vient d’ordonner que désormais elles fussent conservées dans les lieux même où elles seront découvertes. Cet ordre est parfaitement raisonnable. Tous ces objets antiques perdent à être transportés dans nos habitations modernes, et, d’un autre côté, l’enlèvement de ces objets nuit aux habitations qu’ils décoraient. Le musée de Pompeï doit être dans Pompeï, ou plutôt doit être Pompeï même. Les fresques du musée de Naples comprennent à peu près tous les sujets que peut traiter la peinture. Elles représentent des traits d’histoire et de mythologie, des paysages, des marines, des animaux, des fruits et des fleurs, des costumes, des ornemens d’architecture, des arabesques, et jusqu’à des caricatures. Parmi les plus importantes, il faut distinguer Thésée ayant tué le Centaure, le Sacrifice d’Iphigénie, l’Éducation d’Achille par Chiron, Oreste et Pylade, Vénus dans sa coquille, etc. Une autre grande fresque, où se trouvent Cérès, Proserpine, Hercule, Télèphe nourri par une biche, l’aigle, un lion, et quelques autres personnages ou animaux, est surtout remarquable par cette circonstance que Proserpine porte de grandes ailes comme les anges chrétiens. Selon moi, les plus précieux débris de l’art antique qu’aient donnés au musée de Naples les fouilles de Pompeï, sont deux simples dessins au trait, faits avec du crayon rouge sur des plaques de marbre blanc. L’un, très bien conservé, représente Thésée tuant le Centaure ; l’autre, un peu plus altéré, un groupe de dames jouant aux osselets. Dans ces deux compositions, le dessin est d’une pureté et d’un fini très remarquables, digne des artistes les plus sévères de l’école raphaëlesque, et bien supérieur à