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LITTÉRATURE DU NORD.


I. Histoire de la poésie scandinave, par M. du Méril. — II. Poèmes islandais, traduits par M. Bergmann. — III. Les Eddas. — IV. Œuvres d’Isaie Tegner. — V. Œuvres d’André Fryxell, traduites par Mlle du Puget. — VI. Histoire de la littérature en Danemark et en Suède, par M. Marmier.

C’est une compensation, ou, si l’on aime mieux, c’est un privilége des époques d’indifférence comme la nôtre, que l’impartialité à l’égard des choses de l’esprit, que l’admiration ouverte et non exclusive pour les productions de l’art étranger. Les barrières qui séparaient les nations européennes sont loin d’être tombées en politique, nous sommes peut-être à la veille d’en être témoins ; mais on est heureux, en revanche, dans le domaine des lettres, de ne plus retrouver au même degré ces tristes dissidences. Il est devenu vrai de dire, en détournant le mot de Louis XIV, que là il n’y a plus d’Alpes, plus de Pyrénées. M. Quinet avait donc raison de proclamer, en traitant de l’unité des littératures modernes, qu’il n’existe point de frontières dans l’ordre de l’esprit. Il semble, en effet, que de toutes parts une grande et admirable trêve intellectuelle ait commencé. Ces tendances sont dignes d’éloge ; elles agrandissent la sphère des idées ; elles sont un solennel hommage rendu mutuellement par les peuples aux diverses et légitimes manifestations nationales du génie poétique. Les lettres deviennent de la sorte un terrain neutre, où toutes les haines s’effacent, où toutes les sympathies se rejoignent dans un même et noble culte, le culte de la beauté.

C’est en France, pour être acceptées ensuite de l’Europe, pour être admises