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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

indiqué quelques-unes des raisons qui poussèrent les gouvernemens du midi dans les voies constitutionnelles ; il faut ajouter qu’au congrès de Vienne, leur opposition avait été surtout dirigée contre les prétentions de l’Autriche et de la Prusse au protectorat de la confédération. C’était pour échapper à ce protectorat qu’ils avaient tant tenu à conserver leur indépendance vis-à-vis de l’autorité fédérale, et à ne lui rien accorder qui pût devenir un prétexte pour se mêler de leurs affaires intérieures. La plénitude de leur souveraineté étant une fois assurée de ce côté par les dispositions de l’acte fédéral, ils trouvaient un avantage à sacrifier spontanément, au profit de leurs peuples, une partie de leur autorité, parce qu’en suivant ainsi une marche opposée à celle des deux grandes puissances, ils se donnaient l’opinion publique pour point d’appui contre elles, et se faisaient une place à part dans la confédération. Il serait injuste de prétendre que ce fut là le motif déterminant de leur conduite[1], mais il eut certainement son influence et surtout il dut les empêcher de se laisser entraîner au mouvement de réaction à la tête duquel se placèrent l’Autriche et la Prusse. Sans parler des constitutions de Nassau et de Saxe-Weimar qui remontent l’une à 1815, l’autre à 1816, le roi de Bavière donna sa charte le 26 mai 1818, et le grand-duché de Bade eut la sienne trois mois plus tard (le 22 août). Quant au Wurtemberg, où les sujets avaient joui, jusqu’à l’époque de la confédération du Rhin, de droits politiques très étendus, il donna le spectacle d’une lutte assez remarquable. Le premier projet de constitution présenté par le roi fut repoussé par les états, parce que ceux-ci ne reconnaissaient pas au souverain le droit d’octroi pur et simple, et voulaient qu’on prît pour point de départ leurs anciennes libertés qu’ils ne jugeaient pas prescrites par une interruption de quelques années. Cette contestation, prolongée pendant assez long-temps, se termina par un compromis qui eut pour résultat la constitution du 25 septembre 1819[2] ; tout cela se fit, du reste, sans aucune intervention de la part de la diète. À la vérité, le petit gouvernement de Weimar avait demandé pour sa constitution la garantie de l’assemblée fédérale, et celle-ci l’avait accordée sans difficulté ; mais cet exemple ne fut pas suivi par

  1. Le roi de Bavière, dès 1814, avait chargé ses ministres de préparer un projet de constitution où il assurait à ses sujets toutes les garanties attachées ordinairement au système représentatif.
  2. La constitution de Hesse-Darmstadt ne fut donnée qu’en 1820, après qu’on eut mis en prison des pétitionnaires trop impatiens et qu’on eut réprimé une insurrection de paysans, causée par le retard qu’on mettait à l’accorder.