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dit-il dans la préface de la deuxième édition de ses Fragmens, je me prononce pour cette méthode qui place le point de départ de toute saine philosophie dans l’étude de la nature humaine, et par conséquent dans l’observation, et qui s’adresse ensuite à l’induction et au raisonnement pour tirer de l’observation toutes les conséquences qu’elle renferme. »

Et dans sa première préface : « Il faut emprunter à Bacon la méthode expérimentale. » Seulement, M. Cousin remarque que Bacon avait eu le tort de vouloir restreindre aux sciences physiques l’application de sa méthode, et il ajoute : « Il faut n’employer que la méthode d’observation, mais l’appliquer à tous les faits, quels qu’ils soient, pourvu qu’ils existent. Son exactitude est donc dans son impartialité, et l’impartialité ne se trouve que dans l’étendue. Ainsi, peut-être, se ferait l’alliance tant cherchée des sciences métaphysiques et physiques, non par le sacrifice systématique des unes aux autres, mais par l’unité de leur méthode appliquée à des phénomènes divers. » « L’expérience a les mêmes conditions et les mêmes règles, quel que soit l’objet auquel elle s’applique. » La physique, comme on le voit, marche toujours de pair avec la philosophie. Nous pourrions citer encore, parmi beaucoup de passages analogues, le parallèle entre les sciences naturelles et les sciences philosophiques par lequel s’ouvre la treizième des leçons de 1829 sur l’histoire de la philosophie moderne.

Enfin, dans un compte-rendu, entièrement favorable, des Esquisses de philosophie morale de Stewart, M. Cousin proclame hautement son acquiescement aux principes de « cette école nouvelle qui se prétend seule fille légitime de Bacon, et réclame le titre tant prodigué et si peu compris d’école expérimentale. »

Comme Reid, comme Stewart, comme leurs disciples français, M. Hamilton est d’avis qu’il faut réduire la philosophie à l’observation des phénomènes et à la généralisation de ces phénomènes en lois[1]. Il répète en plusieurs endroits que les êtres en eux-mêmes, que les causes et les substances, échappent à la science ; seulement nous ne voyons plus dans ses écrits ce parallèle qu’établit partout l’école à laquelle il appartient, entre la philosophie et les sciences physiques. On dirait que quelque doute à cet égard s’est introduit dans son esprit.

M. Peisse, enfin, est encore de cette opinion, qu’on ne connaît

  1. Fragmens de philosophie, pag. 26.