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Passablement jeune et jolie,
Avenante et douce en tout point,
Mais de l’argent, n’en ayant point.
Et donc, elle gagnait sa vie
De la laine qu’elle filait
Au jour le jour, pour qui voulait.
Bien qu’elle ne put qu’à grand’peine
Tirer son pain de cette laine,
Encor sut-elle avoir du cœur,
Et, dans sa tête florentine,
Loger la joie et la douleur.
Ce ne fut pas un grand seigneur
Qui voulut d’elle, on l’imagine.
Mais un garçon de bonne mine
Dont la besogne était d’aller
Donnant de la laine à filer
Pour un marchand de drap, son maître.
Pascal, c’est le nom du garçon,
Avait, en mainte occasion,
Laissé son amitié paraître ;
Et, soit faute de s’y connaître,
Soit qu’elle n’y vît point de mal,
L’heure où devait venir Pascal
Mettait Simone à la fenêtre.
Là, lui répondant de son mieux,
Sans en souhaiter davantage,
Et le voyant jeune et joyeux,
Elle montrait sur son visage
Le plaisir que prenaient ses yeux ;
Puis, travaillant en son absence,
De tout son cœur elle filait,
Songeant, pour prendre patience,
De qui sa laine lui venait,
Et baisant tout bas son rouet,
Non sans chanter quelque romance.
D’autre part, le garçon montrait
De jour en jour un nouveau zèle
Pour sa laine, et ne trouvait rien
(J’ai dit que Simone était belle)
Qui fut plus tôt fait ni si bien