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LE VOYAGE
D’UN
HOMME HEUREUX.

À MADAME DE COURBONNE.

Je n’ai pas oublié, madame, que vous m’avez permis de vous écrire, et véritablement vous m’avez accoutumé à tant de bonté et d’indulgence, que je serais bien ingrat et bien mal élevé si vous n’aviez pas au moins cette marque de mon souvenir et de mes respects. D’ailleurs j’ai été si heureux pendant ces deux dernières semaines, j’ai oublié si fort le travail et l’agitation de chaque jour, le midi de la France et l’Italie se sont emparés si complètement de mon ame et de mon cœur, qu’il faut absolument que je dise à ceux qui sont restés à la ville les heureuses et charmantes émotions de ce voyage. Donc je suis parti de Paris le 24 août, un peu bien triste il est vrai, car j’aime tant tous ceux que j’aime et je suis si bien le lendemain l’homme de la veille, que renoncer, même pour un mois, à mes amis, à mon travail,