Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
214
REVUE DES DEUX MONDES.

révolutions du style, que le grandiose ; ils sont comme le roseau qui plie et ne rompt pas. Le sacre de Charles X inspira ou imposa bien des poèmes : le seul, qu’on puisse relire, ce sont les Oiseaux de Mme Tastu. M. Lebrun, alors retiré à la campagne dans les douces prémices de la saison et dans l’indépendance du poète, a fait à la cérémonie officielle une contre-partie souriante et toute de fraîcheur, avec un certain accent de Chaulieu à Fontenay ou de Fontanes à Courbevoie, avec un accent d’Horace. Pendant que Charles X prend la couronne à Reims, lui, à Champrosay (pour dire le fait en prose), il pend la crémaillère. La pièce est inédite ; on saura deux fois gré à l’auteur de nous avoir permis de la citer.


La Vallée de Champrosay
LE JOUR DU SACRE DE CHALRES X. (29 mai 1825)

Ô Champrosay, champêtre scène
De repos, de calme et d’oubli,
Entends-tu venir, sur la Seine,
Du canon qui tonne à Vincenne
Le son, par l’espace affaibli ?

Reims couronne Charle à cette heure ;
Il marche au sacre en cet instant,
Où moi, par fortune meilleure,
J’inaugure ici ma demeure,
Plus roi que Charle et plus content.

Je crois ouïr l’église immense
Élever son bruit jusqu’aux cieux.
De loin vers ces bois il s’élance,
Et vient accroître le silence
De leurs dômes religieux.

Des transports, selon l’habitude,
Là, chargent l’air de mille vœux !
Ici, loin de la multitude,
De la fidèle solitude,
Le silence parle bien mieux.

Peut-être, à l’usage fidèles,
Maintenant mille passereaux,
Lâchés sous les nefs solennelles,
Aux cierges saints brûlent leurs ailes,