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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

de l’instruction primaire en Allemagne et particulièrement en Prusse, où cette partie de l’instruction publique est si florissante. Je crois pouvoir dire que mes travaux n’ont pas été inutiles à la loi de 1833 ; j’ai été le rapporteur de cette loi à la chambre des pairs, et je n’ai cessé de concourir activement à son exécution et à son développement. La loi de 1833 peut avoir quelques défauts de détail ; mais elle a le mérite de former un système un et complet, dont toutes les parties se soutiennent les unes les autres ; elle a de plus un caractère essentiellement pratique. Aussi a-t-elle fait un bien immense ; ce bien continue chaque jour ; il faut le laisser se répandre et s’accroître sans le troubler par des innovations prématurées. Remuer sans cesse une législation quand elle est bonne généralement, c’est en diminuer l’autorité, c’est lui enlever le respect dont elle a besoin, car le respect ne s’attache qu’aux choses qui durent. En Hollande, la loi de 1806 est encore intacte ; en Prusse, la loi de 1819 n’a pas même été perfectionnée ; laissons donc notre loi de 1833 s’enraciner dans le sol et porter tous les fruits dont elle contient le germe.

Cette loi a établi des commissions d’examen en possession exclusive de conférer les brevets de capacité pour les écoles publiques et privées : fortifions sans cesse ces commissions, entretenons leur zèle, inspirons-leur une juste sévérité ; car, si elles se relâchent, si, par une indulgence mal entendue, elles deviennent trop faciles et accordent légèrement le brevet de maître d’école, c’en est fait de toute l’instruction primaire qui repose en dernière analyse sur l’excellence des instituteurs.

Pour assurer au pays de bons instituteurs et des candidats qui puissent se présenter honorablement à de sérieux examens, la loi de 1833 a fondé les écoles normales primaires, institutions à la fois bienfaisantes et périlleuses, qui peuvent faire ou beaucoup de bien ou beaucoup de mal, dignes des bénédictions de tous les vrais amis du peuple, si elles forment des maîtres d’école d’une instruction bornée, mais solide, modestes, patiens, attachés à leur humble et sainte profession. Ayons les yeux toujours ouverts sur les écoles normales primaires. C’est là qu’est particulièrement nécessaire une administration ferme et vigilante.

Le ressort le plus puissant peut-être de l’instruction primaire est l’inspection, celle surtout qui se fait au nom de l’état, par les inspecteurs primaires. Moins ces fonctionnaires seront chargés de soins étrangers à leur mission, plus on pourra exiger d’eux qu’ils la remplissent exactement. J’ai tout fait pour les délivrer du travail ingrat