Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
392
REVUE DES DEUX MONDES.

l’âge, et feront à leur tour des titulaires pleins d’autorité. Ils donnent d’abord à la jeunesse une vive impulsion, en attendant qu’ils aient acquis le droit de la retenir.

Un des résultats futurs de l’institution des agrégés de facultés nommés d’après un concours public sera la suppression du concours pour les professeurs titulaires dans les deux facultés de droit et de médecine. Cette suppression que j’ai moi-même demandée[1], qui a été réclamée par tous les esprits impartiaux, était arrêtée dans ma pensée ; mais je ne pouvais guère la réaliser que par une loi, et cette loi, je ne pouvais la présenter aux chambres qu’après que l’agrégation aurait acquis toute la popularité qu’elle mérite : alors il eût été évident que le ministre qui avait établi spontanément les concours de l’agrégation, ne voulait pas supprimer ceux du titulariat en haine des concours en général. Les concours sont admirables pour la jeunesse ; ils ne conviennent point pour l’âge mûr, et il faut qu’un titulaire ait déjà un certain âge et une belle renommée. Les renommées fuient les concours qui leur paraissent au-dessous d’elles : elles ne sont pas tentés de comparaître, un peu en suppliantes, devant un tribunal composé de juges où elles n’aperçoivent pas toujours des égaux, encore moins des supérieurs. Il ne faut pas non plus qu’une faculté se recrute elle-même sans aucun contrôle ; car supposez une majorité composée une fois ou de gens de parti ou de gens médiocres, on ne sait jusqu’où les choix pourront s’abaisser ou s’égarer, tandis qu’une présentation de la faculté, balancée par une autre présentation, celle d’une académie de l’Institut, par exemple, en laissant au choix du ministre une certaine latitude, nécessaire fondement de sa responsabilité, est infiniment plus favorable aux grandes candidatures.

3o Si l’institution des agrégés anime l’enseignement, celle des prix de facultés anime les études. Ici encore j’ai été guidé par l’exemple des écoles de médecine et par la pratique de l’Allemagne confirmée par celle de la Hollande[2]. Déjà même deux facultés de droit, celles d’Aix et de Poitiers, avaient fondé quelques prix dont la libéralité des conseils de départemens faisait les frais. De ces précédens isolés, j’ai tiré une institution générale pour toutes les facultés de droit du royaume, et cette institution, mise immédiatement à exécution, a

  1. De l’instruction publique dans quelques pays de l’Allemagne, tom. Ier, pag. 119, 173, sqq.De l’instruction publique en Hollande, pag. 93, sqq.
  2. De l’Instruction publique en Allemagne, tom. Ier, pag. 113, 119. — De l’instruction publique en Hollande, pag. 219.