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LA HOLLANDE.

I. — Mœurs et Caractère du Pays.

Il est un pays qui, par sa situation géographique, par son peu de force et d’étendue, semble devoir être dans la dépendance continuelle des deux grandes nations qui l’avoisinent, un pays qui a passé par toutes les formes de gouvernement, qui a subi à différentes reprises l’invasion étrangère, qui a été le théâtre de toutes les guerres politiques et religieuses, le refuge des juifs de Portugal et des protestans de France, l’asile de Bayle et de Mirabeau, et qui, après toutes ces guerres, tout ce conflit de tant d’opinions et de tant de croyances diverses, a gardé un caractère tel qu’il n’en existe pas un plus ferme et plus marqué dans l’Europe entière. Ce royaume, on l’a déjà reconnu, c’est la Hollande.

Dès les temps les plus reculés, il semble que cette longue et profonde vallée qui s’étend entre la Meuse et le Rhin jusqu’aux rives de la mer du Nord ait été destinée à devenir la proie de toutes les ambitions. D’abord envahie par différentes tribus de la race germanique, subjuguée par les Romains, asservie par les Francs, soumise à Charlemagne, sous le règne des faibles successeurs du grand homme, la Hollande ne sort de son asservissement que pour se diviser et se mutiler elle-même. Elle est gouvernée par des princes, par des comtes, par des évêques, jaloux l’un de l’autre, avides d’argent et de pouvoir.