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par les deux Forster, Péron et Solander, a reçu de nouveaux développemens et donné lieu à des observations plus approfondies, tandis que l’étude des races s’est simplifiée par un classement lumineux, emprunté à la différence des mœurs et au contraste des types.

Sans doute d’autres travaux estimables, quoique moins étendus, ont été exécutés de nos jours dans cette partie du monde. Sans remonter plus haut que le début du siècle, nous trouvons l’amiral russe Krusenstern, dont la relation répandit un grand jour sur la configuration de l’Australie, des côtes du Japon et des îles de la mer de Chine. Son élève Kotzebue, commandant le Rurick, armé aux frais du comte de Romanzoff, lui succéda dans ces parages, et opéra sur les Carolines des reconnaissances pleines d’intérêt. Il eut en outre le bonheur d’avoir pour interprète le savant Chamisso, esprit délicat et orné, qui jeta quelque charme dans le récit de ce voyage. En même temps, I’Américain Porter éclairait la géographie des îles Marquises, comme son compatriote Paulding le fit plus tard pour les îles Mulgrave. Parmi les Anglais, nous ne voyons guère que le capitaine Beechey qui mérite une mention : cet intrépide navigateur dirigea son vaisseau, en 1826, vers le nord-ouest de l’Amérique, et pénétra, en longeant la limite extrême des glaces, sur des points que personne n’avait visités avant lui. La France a fait aussi quelques efforts. En 1823, M. Freycinet sillonna les mers du Sud sur la frégate l’Uranie, et nous lui devons une scrupuleuse monographie des îles Mariannes. M. Duperrey y parut à son tour, en 1823, sur la corvette la Coquille, et il est à regretter que la relation de ce curieux voyage se fasse encore attendre. Plus récemment, MM. Laplace et Dupetit-Thouars, envoyés en mission spéciale et pour un but déterminé, ont su donner une valeur scientifique à des campagnes plus particulièrement militaires. Enfin, King et Lütke, hydrographes si consciencieux, Billinghausen et Morrell, recommandables à d’autres titres, ont chacun laissé dans le monde savant quelques traces de leur passage. Certes, nous ne voulons pas dire que le nom de M. d’Urville doive être placé au-dessus de tous ces noms ; mais il nous semble que les travaux de la première expédition de l’Astrolabe dominent ces travaux par des vues plus complètes et des observations plus concluantes.

La seconde exploration que cette corvette vient d’achever en compagnie de la Zélée promet à la science une moisson non moins abondante. L’idée principale de M. d’Urville, en reprenant la mer, était de s’assurer du crédit que méritaient les renseignemens de Weddell. Ce capitaine ayant trouvé les régions australes entièrement dégagées de