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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

prédécesseurs, trouvera dans votre justice une punition qui dépassera les punitions ordinaires[1]. Comme cela est froid, désintéressé, naïf et perfide ! Pym avait l’éloquence qui tue ; les révolutions, qui sont des destructions, estiment peu celle qui sauve.

Ainsi allaient se déconsidérant, au souffle des hommes redoutables qui préparaient l’avenir constitutionnel de l’Angleterre, Charles Ier, Buckingham, le trône, le palais ; bientôt après leurs soutiens ecclésiastiques, Laud et Montagu. Pym, que nous venons de voir prendre position, se charge surtout de la haine ; c’est lui qui l’allume et l’excite avec une persévérance que rien ne fatigue. Sa théorie politique, à ce sujet, était fort curieuse, et il avait coutume de dire que l’on conduisait bien plus facilement une assemblée par la colère et la haine que par l’amour et la sympathie. « De toutes les formes de l’amour, ajoutait-il avec une profondeur originale, la haine est celle qui entraîne les hommes avec le plus de force et de certitude. On hait un objet qui fait obstacle à l’amour ; on déteste ce qui empêche l’accomplissement de ses désirs. Il y a donc de l’amour dans la haine ; il n’y a pas de haine dans l’amour. Servez les animosités ; vous êtes maître d’une force double ; deux puissances sont à votre disposition : sympathie et antipathie. »

Il continua de mettre en œuvre cette redoutable énergie de la haine, la plus envenimée et la plus funeste des armes politiques ; provoquant la sympathie générale par ses services rendus aux antipathies du peuple, attaquant ce qui le blessait davantage. Charles ne trouva pas de meilleur moyen de sauver Buckingham que de dissoudre le parlement et d’emprisonner Pym. Mais élu de nouveau par le bourg de Tavitstock, celui-ci revint prendre sa place aux communes, plus déterminé que jamais à ne laisser à la cour aucun relâche. C’était au commencement de 1628. La chambre n’avait encore obtenu que faiblement l’appui du peuple et des bourgeois, plus occupés de leur commerce et de leur conscience, des dogmes de Calvin et des impôts à payer, que de leur indépendance politique. Pym, qui, nous l’avons dit, était homme d’assez peu de foi, songea dès-lors exclusivement à donner aux débats des communes la teinte religieuse qui pouvait seule assurer leur influence. Ce fut lui qui proclama l’autorité suprême du parlement en matière de dogmes, et qui provoqua la déclaration de foi religieuse de ce même parlement.

Passons en revue ses actes. Il avait commencé à ébranler la doc-

  1. Old Parliam. Hist., 123, 139.