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Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 26.djvu/184

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ce trafic prohibé, prit des mesures pour en obtenir la légalisation ou pour le supprimer entièrement. Le gouvernement chinois examina sérieusement la question de son côté. Plusieurs conseils furent tenus à la cour impériale de Péking, afin de décider si l’opium serait admis en payant un certain droit ; l’avis contraire prévalut définitivement à la petite majorité, dit-on, de deux ou trois voix. Selon quelques versions, un grand nombre d’officiers de l’état, consultés à ce sujet, donnèrent leur opinion formelle en faveur de l’importation, moyennant le paiement d’un droit ; mais les ministres de l’empereur, influencés peut-être, soit directement, soit indirectement, par les agens de la Russie, rejetèrent cet avis. Aussitôt que lord Palmerston eut connaissance de ce résultat, il donna l’ordre au surintendant anglais à Canton d’informer tous les négocians de sa nation et tous les capitaines de vaisseaux marchands « que le commerce était illégal, que le gouvernement britannique ne pouvait intervenir dans le but de mettre ses sujets à même de violer les lois du pays avec lequel ils commerçaient, et que, s’ils persistaient à faire la contrebande, ils devaient en subir les conséquences. » Conformément à ces instructions, le capitaine Elliot[1] ne négligea aucune des mesures que commandait la gravité des circonstances, se montrant disposé à donner toute satisfaction raisonnable aux autorités chinoises et évitant de la manière la plus marquée, comme représentant du gouvernement anglais, toute relation avec les contrebandiers. Une proclamation à cet effet fut publiée en 1838. La contrebande néanmoins se faisait comme par le passé, les autorités chinoises se prêtant au trafic, tandis que le gouvernement impérial et le surintendant anglais continuaient à l’interdire par leurs décrets.

En février 1839, cependant, les injonctions les plus sévères envoyées de Péking prescrivirent de faire exécuter les ordres de l’empereur, et, conformément à ces ordres, un Chinois, convaincu d’avoir participé au trafic d’opium, fut pendu le 26 devant les factoreries étrangères. Cet acte violent d’une justice tardive, acte complètement inattendu au milieu des habitudes d’impunité qui avaient réglé jusque-là tous les rapports des parties intéressées, fut regardé

  1. Le principal surintendant (chief superintendent) du commerce anglais en Chine, M. Charles Elliot, est capitaine de vaisseau. M. Johnstone est le second surintendant. Les autorités chinoises ont traité long-temps M. Elliot avec beaucoup d’égards, et paraissent même avoir admis dans leurs rapports officiels avec lui (faveur toute spéciale chez un peuple si orgueilleux) l’assimilation de son rang politique à celui de mandarin de troisième classe.